Il y a quelques mois, Patrice a chroniqué La ballade de la trompette et du nuage de l’auteur slovène Cyril Kosmač. C’est mon tour de vous parler d’une écrivaine slovène dans le cadre de notre mois de l’Europe de l’Est ! Brina Svit est en effet d’origine de Ljubljana et a écrit ses 4 premiers romans dans sa langue maternelle, puis elle est passée à sa langue d’adoption – le français. Con brio est son troisième roman, dans lequel elle décortique une relation peu habituelle entre un écrivain vieillissant et une étrangère énigmatique.
Rares sont les espèces qui parviennent à survivre en dehors de toute forme de vie collective : le léopard, le vison, le martre, le blaireau… et moi.
R. A. Tibor, écrivain, se rend un jour à une soirée privée chez son éditeur. Il vient en aide à une jeune femme qui avait avalé un morceau de nourriture à travers. Il est tellement hypnotisé par elle qu’il la suit et l’invite à dîner. Puis il la demande au mariage aussitôt. Commence ainsi une relation bizarre, inégale, avec plein de non-dits.
Si je savais écrire des scénarios, censés dès le premier instant ensorceler le spectateur, je commencerais par ses mains, par le voilier en papier, roulant sur le bourgogne blanc, et par sa voix paisible qui, à la question d’un vieux monsieur aux cheveux gris et aux yeux d’un bleu délavé lui demandant si elle veut l’épouser, répond clairement : « C’est d’accord. »
Qu’est-ce qu’on sait de Monsieur Tibor ? Il vit une vie plutôt aisée, paisiblement installé dans un bel appartement au cœur de Paris. Ce n’est pas lui qui a le mérite d’avoir aussi bien choisi ses meubles et décorations, mais son ex-femme qui a su créer un univers agréable sans aucune faute de goût. Ils entretiennent une relation correcte, amicale. Grâce à son aura d’écrivain, Tibor est assez attractif pour de nombreuses femmes, mais il va tomber éperdument amoureux de Grušenjka. Comme à son habitude, il lui donne tout de suite un autre prénom – Kati.
Il est évident que je n’étais pas prudent. Me marier avec une jeune femme presque inconnue dont je ne savais que bien peu de choses – elle avait vingt-sept ans, était née en Italie, à Trieste, comme l’indiquait son passeport pourtant français, officiellement elle s’appelait Grušenjka Karst, et était sans profession -, et dont je connaissais mieux les robes, surtout celle qui était parsemée de tulipes rouges, que tout ce qu’elle pouvait cacher dessous, n’était certes pas un signe de prudence.
Kati reste indépendante, insiste à occuper une chambre à part et refuse les contacts physiques (un moment de grande désillusion pour Tibor !), disparaît on ne sait où, reste imprévisible et fuyante. Evidemment, Tibor s’imaginait la vie commune différemment et il est rapidement pris d’une forte jalousie dont la cible n’est autre que son meilleur ami, le charismatique chef d’orchestre Simon Osterman.
Dès qu’elle franchissait le seuil, je me mettais en route moi aussi. Durant les derniers jours, j’avais appris pas mal de choses. A ouvrir discrètement une lettre. A suivre Kati dans une grande avenue. Mais aussi dans des rues secondaires, où l’affaire se compliquait considérablement. Ce qu’il fallait faire quand elle entrait par exemple dans un magasin ou un café. Et surtout dans le métro. Le métro devint ma hantise, mon angoisse, mon trou noir.
Le lecteur s’immisce dans l’intimité de ce couple où Tibor est progressivement abandonné par quelques personnes qui l’ont pourtant accompagné depuis de nombreuses d’année (son chat compris !)… où il voit son corps vieilli en contraste avec celui de la jeune Kati… où il peine à écrire un autre roman.
Ce n’est pas un roman inintéressant. J’ai apprécié surtout les points de vue de Tibor, mais j’avoue d’avoir trouvé le personnage de Kati vraiment improbable, je n’ai eu aucun empathie envers elle et je ne comprenais pas son comportement (même si la fin apporte quelques éclaircissements).
Malgré les quelques critiques, je vous invite à découvrir l’auteure
acheter chez votre libraire ou bouquiniste
X en empruntant son livre dans une bibliothèque
lire autre chose
Con brio de Brina Svit, traduit du slovène par Zdenka Štimac. Gallimard, 1999, 192 pages.
Ce livre a été lu dans le cadre du Mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran.
Oui je me sens invitée mais trop envie d’accepter cette invitation. Je vais laisser passer ce roman . Il faut dire que tant de livres sont décrits comme indispensables celui-ci je sens trop de réticences pour m’y frotter.
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Je pense que tu as raison !
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Mauvaise pioche… Pourtant ton début d’article moi il m’a donné envie…
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Eh oui…
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idem pour moi, le début de ton billet me donnait bien envie mais ta conclusion m’a refroidie et je passe.
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Ca ne m’étonne pas !
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