Jean-René Van der Plaetsen – La Nostalgie de l’honneur

Van der PlaetsenGrand reporter au Figaro, Jean-René Van der Plaetsen consacre ici un livre à son grand-père, le général Jean Crépin, qui a dès 1940 décidé de suivre le général de Gaulle. Dans La Nostalgie de l’honneur, il nous fait partager le parcours de cette figure tutélaire de la famille, et ce faisant, nous livre des réflexions sur le sens de l’honneur qui guide certains grands hommes.

Né à Bernaville dans la Somme en 1908, Jean Crépin était capitaine dans l’artillerie coloniale en 1940 quand la France décida de demander l’armistice à l’Allemagne. Sans connaître de Gaulle, sans avoir aucune garantie, il décide alors d’engager ses hommes derrière l’Homme du 18 juin. Un acte fondateur et un engagement de fidélité qu’il ne reniera jamais :

Mais, dans mon esprit et dans ma mythologie personnelle, il y a aussi le serment de Manoka : celui d’un homme seul, qui s’interroge dans le huis clos de son for intérieur, et qui décide de poursuivre le combat avec quelques autres contre les forces de l’Axe, entreprise folle et hasardeuse. Un serment pris en pleine conscience et en toute lucidité, par un homme d’honneur, dont la parole vaut bien plus que les paraphes griffonnés sur les feuillets d’un contrat de banque ou qu’une signature que l’on appose sur la dernière page d’un traité international. Cet homme était le père de ma mère. Mon grand-père, donc.

Dès lors, il fera partie de tous les aventures de la France libre, intégrera la 2ème DB, participera à la libération de Paris (le plus beau jour de sa vie), sera témoin des horreurs des camps lors de leur libération. A lire l’auteur, on se dit qu’il en fallait du courage pour s’engager ainsi pour continuer les combats. Même si l’on évoque souvent la sagesse du peuple, force est de constater ici que c’est une frange élitiste de la France qui a su prendre ses responsabilités dès 1940 pour continuer le combat.

La liste des patronymes des Compagnons de la Libération issus de la France libre évoque plus les pages du Bottin mondain que les inscriptions gravées sur le monument aux morts d’une ville de garnison de taille moyenne : les titres nobiliaires des aristocrates, les particules et les traits d’union des grands bourgeois y sont proportionnellement sur-représentés compte tenu de leur nombre de leur poids réel dans la société française de l’époque.

Les souffrances ont fait part du quotidien du grand-père de Jean-René Van der Plaetsen. Sa famille dut partir dans la zone libre pendant la guerre avec ses deux filles. Sa femme mourut à cause d’une mine anti-personnelle en 1944 ; il ne savait pas lui-même si ses filles étaient encore vivantes.

Homme droit, fidèle à ses convictions, il fut mis au placard pour avoir critiqué l’action du gouvernement en Indochine. Il s’engagea ensuite pour développer la bombe atomique française, et réorganisa l’industrie de l’armement.

J’ai beaucoup aimé ce livre, non seulement pour le portrait de l’Homme d’honneur que fut Crépin, mais aussi pour les très beaux portraits d’autres hommes qu’il fait : on y croise ainsi de Gaulle, Leclerc (dont il était très proche), Dio ou encore Pleven. Laissons le mot de la fin à ce joli extrait qui se situe à la fin de l’ouvrage :

Pour nous, il était à l’image de ces grands arbres français, chêne vert ou hêtre pourpre, ayant choisi la solitude de la plaine plutôt que la compagnie de ses semblables, refusant l’alignement d’une haie comme la promiscuité des forêts, un grand arbre isolé qui prenait toute la lumière, à l’ombre duquel rien ne poussait, mais qui protégeait, par sa masse et sa puissance, les êtres venus se ranger ou s’abriter derrière lui.

Je vous conseille donc de :

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La Nostalgie de l’honneur, de Jean-René Van der Plaetsen. Livre de poche, 2018, 240 pages.

 

4 réflexions sur “Jean-René Van der Plaetsen – La Nostalgie de l’honneur

  1. Karine:) 17 mai 2020 / 13:35

    C’est un livre que je garderai en mémoire pour une période où je serai plus concentrée. Ce genre de portrait m’intéresse mais je dois dire que là… j’ai besoin de romans enlevants!

    Aimé par 1 personne

    • Patrice 24 mai 2020 / 07:20

      Je te comprends ! C’est d’ailleurs une lecture que j’avais faite il y a longtemps pour être tout à fait honnête.

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  2. luocine 20 mai 2020 / 13:28

    Ceux qui ont eu la chance de connaître de tels hommes sont marqués à tout jamais.

    Aimé par 1 personne

    • Patrice 24 mai 2020 / 07:21

      Exactement, c’est bien le sentiment qui prévaut chez le petit-fils.

      J’aime

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