
Je viens de finir le premier roman de Yoann Iacono, Le Stradivarius de Goebbels, sorti récemment chez Slatkine. Par l’intermédiaire de ce billet, je vous emmènerai non seulement dans l’Histoire européenne des années 40, mais aussi dans le monde de la musique classique. Nous y serons accompagnés par Nejiko Suwa, virtuose japonaise. Dépoussiérez vos violons…
J’avoue que je ne connaissais pas Nejiko avant d’entamer ce roman. J’ai donc pris plaisir à découvrir cette jeune femme douée, au destin hors du commun. Née en 1920, elle se fait vite remarquer par son immense talent. Soutenue par sa tante russe, elle étudie d’abord dans son pays natal, puis part pour l’Europe où elle s’installe finalement à Paris en 1938.
La guerre éclate et Nejiko est convoitée par le régime Nazi. En 1943, Joseph Goebbels lui offre un violon, a priori un Stradivarius, pour marquer l’amitié germano-japonaise. Nejiko devient donc un instrument de la propagande (pas pour la dernière fois) et aussi curieux que çela puisse paraître, elle vit ses meilleures années en étant invitée sur les scènes célèbres d’Europe.
Dans cette première moitié du livre, qui se déroule donc avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale, les atrocités de l’époque sont absentes. Nejiko flotte sur un nuage et se laisse porter par les faveurs que porte le régime envers la musique classique. Néanmoins, une chose la trouble : c’est son violon. Pourquoi n’arrive-t-elle pas à l’apprivoiser complétement ? Qui était son précédent propriétaire ? A la fin de la guerre, le vent tourne, mais pas pour tout le monde…
En tant que lectrice, j’ai eu un peu de mal à ressentir de l’empathie envers Nejiko qui donne avant tout l’impression d’être une marionnette. Talentueuse, travailleuse et docile, elle a été un instrument idéal des régimes en place pour passer des messages. Le roman soulève donc des questions intéressantes sur la collaboration et la culpabilité des artistes.
Avec son premier roman, Yann Iacono, entrouvre la porte du Japon et de son rôle pendant la guerre. Pour s’exprimer, il épouse un langage doux, tout en pudeur, marqué par la musique classique, mais aussi du jazz. L’Histoire européenne vue sous un autre angle et le récit intime d’une grande artiste…
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Le Stradivarius de Goebbels, Yoann Iacono. Slatkine, 2021, 268 pages.
En tant que lecteur ou lectrice ? 🙂 Je ne connaissais pas non plus l’artiste, mais ce que tu dis sur sa docilité ne m’étonne pas… J’avais lu, je ne sais plus où, que les Allemands avaient réclamé aux Japonais un peu de la retenue dans leurs exactions…
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Aussitôt lu, aussitôt chroniqué, tu es super efficace! Ce sera ma prochaine lecture pour le Prix du LàC.
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très tentant je me le note 🙂
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un livre qui parait curieux, un trait entre le Japon et l’Europe
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Ahh oui j’adore
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