
Ervamoïra est un domaine viticole au Portugal, qui donne son nom au roman écrit par Suzanne Chantal (1908-1994), journaliste et romancière, auteure de plusieurs livres ayant pour point commun le Portugal, son pays d’adoption. Il s’agit d’une fresque familiale autour du vin de porto, couvrant plusieurs générations, de 1809 à 1968.
L’histoire débute en 1809, alors que le Portugal est sous invasion napoléonienne. Leonardo, un enfant rendu orphelin par la fuite de la population, est recueilli par un grognard de Napoléon qui sera exécuté par les anglais lors de leur débarquement dans le pays. Dès le début, la situation chaotique du pays est très perceptible. Le jeune Leonardo épouse ensuite Dulce ; de cette union naîtra un unique héritier mâle, Henrique, dont le mariage avec la jolie Lydia donnera réellement naissance à cette dynastie qui se spécialise dans la production du vin de porto. Après un premier chapitre où les aspects historiques sont assez denses, l’histoire de Lydia et Henrique donne des ailes au roman ; la personnalité de Lydia notamment comme le montre cet extrait où un serveur se souvenait de la façon dont elle pouvait faire preuve de répartie :
Celle-ci n’avait pas dissimulé son détachement ennuyé et tirait de son sac un paquet de Camels. Torcato s’immobilisa, la bouteille à la main. Il se souvenait du jour où, à cette même table et à un pareil moment, un jeune malapris avait demandé s’il pouvait allumer une cigarette. Et Madame Lydia avait dit à la femme de chambre : « Donnez du feu à Monsieur, et donnez-lui aussi son chapeau et son manteau… »
Les épisodes de construction du domaine, les épidémies comme le phylloxéra ou même la peste, jalonnent le livre. Une part importante du récit est consacrée à la période plus récente, plus contemporaine, où il fut intéressant de voir les difficultés d’adaptation, les conflits d’intérêt entre générations (tradition vs. modernisme, vin vs. autres activités), mais aussi d’avoir une vision du monde des négociants ou des grands propriétaires, des ouvriers agricoles et des petits paysans qui gravitent dans le monde du vin. Ce sont les aspects du livre que j’ai appréciés, ainsi que la célébration du vin de porto qui dépasse l’activité viticole seule :
Oui, la civilisation est liée au vin parce que pour cueillir les premiers fruits d’un cep, il faut trois ans, et le double de ce temps pour faire une vraie vendange. Cela a arrêté l’errance des nomades, d’autant plus que, pour avoir du vin, il faut une cave.
Je mettrais des réserves sur la longueur du livre. Je pense que le récit aurait gagné à être raccourci (même si, dans son aspect actuel, il me permet de participer au défi des Pavés de l’été !) ; certaines sections sont très intéressantes, d’autres beaucoup moins. Enfin, si le début du livre est très marqué par le contexte historique, il m’a manqué de repères pour la suite de la lecture. Au final, j’en ressors avec une impression mitigée…
Je vous conseille donc :
d’acheter le livre chez votre bouquiniste
X de l’emprunter dans votre bibliothèque
de lire autre chose
Ervamoïra, de Suzanne Chantal. Olivier Orban, 1982, 658 pages.
Je suis heureux de participer avec cette lecture au challenge organisé par Mes brizées autour des Pavés de l’Eté.
Challenge réussi, bravo, avec un pavé qui ne t’a pas totalement convaincu, mais tu as tenu bon ^^ !
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