
Ce n’est pas tous les jours que paraît une nouvelle traduction en français de littérature tchèque. Le saut d’Aaron, publié en tchèque en 2006, en fait partie ; il est l’oeuvre de l’auteure tchèque Magdaléna Platzová, qui est la fille d’Eda Kriseová, écrivaine et ancienne conseillère de Vaclav Havel, dont elle avait rédigé la première biographie après la Révolution de Velours.
Le livre s’est inspiré de la vie de Friedl Dicker-Brandeis (1898 – 1944), peintre et enseignante autrichienne, artiste majeure du XXème siècle qui enseigna les arts aux enfants de Terezin avant d’être déportée à Auschwitz. Son oeuvre ne fut redécouverte que dans les années 80.
Magdaléna Platzová a choisi de la renommer Berta Altman dans le livre. Son destin côtoie celui de deux autres femmes : Krystina, une amie de Berta, qui l’avait rencontrée en 1934 dans l’atelier d’un peintre et Milena, la petite-fille de Krystina. Cette dernière sert de guide à une équipe de tournage israélienne venue en République Tchèque faire un documentaire sur l’artiste disparue. Jeune femme, Milena ne connaissait que très peu l’artiste :
Elle ne sait pas grand-chose sur Berta Altmann, sinon qu’elle était peintre, amie de sa grand-mère et juive, et qu’elle a fini autrefois en camp de concentration avec d’autres Juifs.
J’ai trouvé l’idée de départ intéressante de suivre cette équipe de tournage israélienne sur les pas de la peintre et les premières pages se lisent avec beaucoup de plaisir. A l’image d’une peinture, on découvre Berta Altman via les extraits de son journal, les confessions de Krystina, et le parcours de l’équipe de tournage. Néanmoins, rapidement, je me suis lassé de certains passages mettant en scène la jeune Milena, par exemple avec le cameraman Aaron. Je me suis demandé ce qu’ils apportaient au récit, mais aussi pourquoi le livre portait le titre Le saut d’Aaron car cet aspect de l’histoire était loin d’être le plus important.
En refermant ce roman, j’ai eu l’impression d’avoir dans mes mains un livre qui manquait d’unité et qui m’a finalement assez déçu. Je compris alors des impressions mitigées d’autres blogueurs, comme Tu vas t’abîmer les yeux ou Lire et merveilles. Après un début intéressant, je dois avouer que les dernières pages, consacrées à Terezin, sont de nouveau plus intéressantes, et c’est par un extrait de cette partie que je conclurai ce billet :
Ce sont les élèves de Berta qui les ont dessinés. Ceux qui ont survécu affirment que c’est seulement grâce à elle qu’ils sont restés au moins un peu enfants au camp de concentration. Ils ont conservé leur acuité, ils ne se sont pas perdus dans le chaos, l’absurdité, l’affliction. Berta éloignait d’eux l’épouvante quotidienne qui certes les blessait, mais non mortellement. Ils l’adoraient. Elle était drôle, pleine dénergie et d’idées. Ils disent qu’elle respirait le bonheur.
Je vous conseille donc :
d’acheter ce livre chez votre libraire
X d’emprunter ce livre dans votre bibliothèque
X ou de lire autre chose
Le saut d’Aaron, de Magdaléna Platzová, traduit du tchèque par Barbora Faure. Agullo, 2021, 253 pages
le sujet m’intéresse mais ta critique est mitigée, je passe donc pour le moment, saut s’il me saute dans les mains à la bibliothèque!
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Le sujet m’intéressait également mais je dois admettre que ça s’est arrêté là. Fais attention aux sauts impromptus dans la bibliothèque 🙂
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Ah ! les titres de livres qui ne correspondent pas au contenu..
Le sujet semblait intéressant. Merci Patrice de cette chronique !
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Merci, Claude, pour ce commentaire. Oui, le sujet était prometteur mais je reste dubitatif sur la façon dont il a été traité.
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Ah je suis bien contente de découvrir ton avis. Je n’ai pas pu avancer dans ma lecture tant j’ai eu l’impression également que c’était décousu… Avec pourtant un thème si prometteur comme tu le dis. Beaucoup de déception pour ce livre parti en boîte à lire avant d’être fini.
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Merci pour ton commentaire, je suis tout à fait d’accord avec toi. J’avais le même sentiment sur le caractère décousu même si je me suis forcé à le lire jusqu’au bout finalement.
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Je commence comme la Barmaid: « Ah » et je continue comme elle « je suis bien contente de découvrir ton avis », surtout parce que je me souviens bien de celui de Lire et merveilles. Je devrais demander à la Barmaid où est sa boîte à lire afin de l’emprunter et de me faire mon avis à mon tour. Pour le titre, s’agit-il d’une traduction plus ou moins exacte du titre original?
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Une nouveauté Agullo, ça ne doit pas forcément rester longtemps dans la boîte à livres :-). Figure-toi que je me suis posé la même question sur le titre orginal ; il s’agit en fait d’une traduction exacte du titre original.
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Quelle déception ! C’est en cela que cette lecture a été marquante pour moi. Mais je prendrai ma revanche avec la littérature tchèque ! ( merci pour le lien ).
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Je me souviens de ta déception, et cela m’avait beaucoup refroidi d’ailleurs… Oui, il y a beaucoup d’autres titres intéressants en littérature tchèque, bien heureusement !
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La construction est décousue mais, pour un premier roman, je trouve qu’il y avait des pistes de réflexion intéressantes. Mais c’est vrai que les retours sont globalement mitigés, je suis une exception 😉
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Tant mieux si tu as apprécié ce livre, j’ai du mal à en garder une empreinte forte dans ma mémoire
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Oh, dommage, j’avais entendu parler de cette femme lors d’une visite guidée de Terezin… j’hésite un peu.
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Très honnêtement, je te conseillerais plutôt de passer ton tour…
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