Que s’est-il passé la nuit du 29 septembre 1896, dans ce petit village de Haute-Provence ? Le lendemain matin, une famille entière est retrouvée égorgée, exception faite d’un bébé de trois semaines. Vingt ans après le drame, le seul survivant, Séraphin Monge, revient sur les lieux du massacre… La maison assassinée, de Pierre Magnan, révèlera-t-elle tous ses secrets ?
Pierre Magnan (1922-2012) est un écrivain provençal qui, après avoir fait quelques tentatives en littérature, connut un véritable succès avec La maison assassinée, qui obtint en 1984 le Prix RTL Grand Public (désormais devenu le Prix RTL-Lire).
L’une des premières choses qui frappe le lecteur est l’ambiance que dégage ce roman. Dès les premières pages, on perçoit le côté mystérieux de l’affaire qui va frapper la maison de Monge. Le premier chapitre s’ouvre ainsi sur cette journée qui sera la dernière pour la famille Monge. On sait que trois hommes attendent dehors, dans la nuit, devant la maison. A un certain moment, un autre homme seul, vient sonner…
De surcroît, le temps, la description des lieux et paysages, avec un vocabulaire riche et parfois abscons (du moins pour moi), renforce le côté obscur de la situation :
Sous cette lune qui la rendait brillante, La Burlière vue du dehors, encore mal ressuyée de la pluie récente, c’était une bastide aux rares fenêtres, faite de murs droits en galets de Durance, avec des bas-fonds d’écuries qui allaient se perdre plus loin que la bâtisse, dans le safre sulfureux où elles étaient creusées. Les chevaux là-dedans, au reflet des calens se paraient de couleur d’or.
Elle n’avait, cette maison, que des portes cochères où s’engouffraient haquets et fardiers, triqueballes et charettes doubles, que des portes de fenières où engranger le fourrage. Tout y était agencé pour la commodité des chevaux et des voitures ; rien pour celle des hommes.
Séraphin Monge revient dans le village après la fin de la Première Guerre Mondiale. Il est assis dans le bureau du notaire et récupère cette maison en héritage. Rapidement, les bavardages d’un collègue cantonnier lui révèlent les zones d’ombre qui entourent la mort de ses proches. Le jeune homme, une véritable force de la nature, rescapé de la guerre, mais meurtri par ce qu’il a vécu, en est bouleversé. Il commence ainsi à détruire la maison :
Ça s’était dit. Maintenant, le dimanche, tout ce que Lurs et Peyruis comptaient de feignants venait se distraire, après le repas de famille, à commenter la folie de cet homme qui avait brûlé ses meubles et qui maintenant démolissait sa maison. Jusqu’ici Célestat Dormeur et Didon Sépulcre s’étaient contentés d’admonester doucement leurs filles ; à partir de là, ce fut : « Si je te vois parler avec ce Carême Entrant, je te partage la tête ! »
Il tombe sur des indices qui semblent avoir un lien avec la mort de ses parents et se prépare à se venger. Mais curieusement, quelqu’un semble avoir lu ses pensées et fait la besogne à sa place…
Si l’on peut ranger ce titre dans la catégorie des romans policiers, ne cherchez pas ici d’enquêteurs. On progresse au fur et à mesure des découvertes de Séraphin, des meurtres, des révélations de tierces parties. J’ai trouvé ce livre très bien mené ; on ne se doute de rien, des motivations du tueur, ni de ce qui s’est véritablement passé ce soir-là et la fin révèle encore des surprises. Alors, certes, on se dit après coup qu’il y avait bien du monde ce soir-là devant la maison des Monge, mais on se laisse convaincre aisément par ce livre.
Je vous conseille donc de :
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lire autre chose
La maison assassinée, de Pierre Magnan. Les éditions retrouvées, 2012, 365 pages.
Egalement disponible dans la collection Folio policier, 1999, 345 pages.
Oh mais je note, je me rends chaque année en Haute-Provence, ce sera une lecture agréable !
(oui, l’argument est hautement littéraire)
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Chacun doit trouver ses propres motivations 🙂
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Je n’ai jamais pris le temps de lire le roman après avoir vu l’adaptation ciné. Je me souviens bien de l’intrigue, ce qui ne motive pas ma lecture ( pourtant j’avais aimé ce réalisme de la société d’après-guerre, du retour des soldats ).
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Je ne savais pas du tout qu’il avait été adapté au cinéma, merci pour l’info !
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Je n’ai pas lu ce roman mais… j’ai vu le film 😉
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Tu n’es pas la seule a priori ; moi qui pensais chroniquer un livre quasiment inconnu, c’est loin d’être le cas !
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Un film de Georges Lautner sorti en 1988 avec Patrick Bruel. Tu te rappelles la folie Bruel dans les années 80 ? Certains ont même dit qu’ils n’aimaient pas le chanteur mais qu’il était très bon acteur. Et donc, je te rassure, le film est beaucoup plus connu que le roman !
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