
Pour clore cette année placée sous le signe des lectures sur le handicap, je vous propose de découvrir le roman Les mains de Louis Braille, écrit par Hélène Jousse, qui nous éclaire sur la vie de celui qui découvrira la méthode d’écriture et de lecture aadaptée aux aveugles, le braille.
Constance, une dramaturge, écrit un scénario sur Louis Braille. Le livre alterne entre deux récits, celui consigné dans le « Carnet rouge de Constance », et qui reprend les réflexions de la scénariste, ses échanges avec les personnes liées au projet… Le second récit est le scénario en lui-même, découpé en scènes, où l’on fait connaissance avec le jeune Louis Braille, depuis son enfance et surtout l’accident qui lui coûta la vue dans l’atelier de son père, bourrelier, et son seizième anniversaire, moment auquel il inventa sa méthode.
Louis est un héros, sans conteste. Il représente une forme d’héroïsme qui me touche particulièrement. Totalement désintéressé. Il n’attachait aucune importance à sa personne. Ce n’est pas lui qui a nommé « braille » son système, puisqu’il s’appelait à l’origine, lorsqu’il le dicta à Pignier en 1829, « procédé pour écrire les paroles, la musique et plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposés pour eux ». Ce n’est que bien après sa mort que, par commodité de langage, la méthode de Louis Braille a adopté son nom. La seule chose qui comptait pour lui était qu’elle existe. Louis est un héros malgré lui, dont personne n’a mesuré en son temps l’ampleur de la découverte, ni aujourd’hui encore, excepté les aveugles dont les doigts tendus parcourent chaque jour les milliers de petits points braille.
Par le choix de cette structure, le scénario offre un portrait de Louis Braille très vivant, très visuel, plein d’empathie. Une place importante est réservée aux sentiments du jeune homme, qui apparaît comme un élève doué, modeste, sensible. Choyé par une mère qui lui racontait des histoires, guidé par un curé qui l’emmenait en balade et l’initiait à la botanique, poussé par l’instituteur local, il réussit à entrer dans un Institut de jeunes aveugles à Paris. Cela fut un crève-coeur pour lui de quitter sa famille, mais la perspective d’avoir accès à des livres constitue la motivation essentielle de Louis. Hélas, ces livres imprimés en relief ne sont que 20 et on oublie le début de la phrase quand on parvient à la fin de celle-ci. Dans ce bâtiment insaluble, où les élèves croupissent, c’est surtout la tuberculose qu’on attrape. Louis mourra d’ailleurs à 43 ans des suites de cette maladie…
Le livre permet de voir la genèse de la méthode de Braille ; elle est initiée à la suite de la visite d’un capitaine de l’armée, Barbier, venu montrer sa méthode de lecture des messages que les soldats utilisaient la nuit. Celle-ci est « phonétique et n’a pas de ponctuation. Elle ne permettra jamais aux aveugles d’avoir accès à la pensée, à la littérature », selon Louis, mais à force de réflexion, le jeune homme finit par inventer sa propre méthode de la cellule à six points ; une technique qu’il passera sa vie à enseigner.
Je mettrais tout de même un bémol à ce livre concernant le carnet de la dramaturge ; parfois éclairantes, souvent superflues, ces notes ont fini par générer un ressenti plus mitigé du livre malgré, je le répète, une façon très intéressante de traiter de la vie de Louis Braille.
En conclusion, je vous conseille de :
l’acheter chez votre libraire
X l’emprunter dans votre bibliothèque
lire autre chose
Les mains de Louis Braille, de Hélène Jousse. J’ai lu, 2020, 352 pages.
Lecture faite dans le cadre des lectures thématiques « Autour du handicap » que nous organisons avec Ingannmic.
Lien ajouté au récap !
Je profite de mon commentaire pour évoquer l’association Les bibliothèques sonores, qui consiste à permettre à des aveugles ou mal voyants d’écouter des livres, enregistrés par des lecteurs bénévoles. Tout lecteur peut s’y inscrire : il suffit d’équiper son PC d’un logiciel (gratuit) d’enregistrement. La seule contrainte est de proposer au moins un « livre audio » par an, qui ne soit pas déjà présent dans la liste des titres proposés par l’association.
Plus de détails ici : https://lesbibliothequessonores.org/
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tiens, ça semble bien intéressant, je ne connaissais pas ce titre !
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Bonjour, merci pour ce partage, je pense que je l’emprunterai à la médiathèque, je suis transcriptrice de braille, je transcris des livres pour les enfants en braille, et en relief, et c’est passionnant de leur faire découvrir des livres auxquels ils ne pourraient avoir accès. Je travaille aussi avec les malvoyants, mais que ce soit pour les uns comme pour les autres, j’essaie de leurs trouver des nouveautés, des trucs qui les incitent à découvrir des histoires et surtout qui leur donnent envie de lire que ce soit avec les yeux ou les mains ;o) bonne fête de fin d’année, Claude
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