
Eduardo Halfon est un écrivain guatemaltèque né en 1971, d’origine juive. Signor Hoffmann et Le boxeur polonais sont deux recueils de nouvelles d’inspiration autobiographique dans lesquelles l’auteur nous parle de l’identité, de la reconstruction. Une place centrale est dédiée à son grand-père, rescapé d’Auschwitz.
Dans la nouvelle Signor Hoffmann, l’écrivain est invité en Italie dans le cadre de la journée de la mémoire de l’Holocauste, le 27 janvier (qui correspond d’ailleurs aux dates que nous avons fixées pour notre rendez-vous de lecture commune sur ce sujet). Il y est convié pour parler d’un livre sur son grand-père passé par Auschwitz ; un grand-père originaire de Pologne « qui n’était jamais retourné dans son pays natal » et « n’avait plus jamais prononcé un mot en polonais ». C’est ce dernier que l’on retrouve également dans la nouvelle Le boxeur polonais, quand il en vient enfin à raconter à son petit-fils son parcours qui le fit passer dans le camp de concentration de Sachsenhausen à Auschwitz, où il dut la vie à un boxeur polonais.
69752. Son numéro de téléphone. Tatoué sur son avant-bras gauche, pour ne pas l’oublier. C’est ce que me disait mon grand-père. Et ce que j’ai cru tout le temps de mon enfance. Chez nous, dans les années 70, les numéros de téléphone étaient à cinq chiffres.
Néanmoins, ces nouvelles ne se limitent pas à ces souvenirs de famille. Certaines d’entre elles, comme Les oiseaux sont revenus est une ôde au courage des bâtisseurs dans une région frontalière dangereuse ; Survivre aux dimanches, elle-aussi, montre la force d’une mère qui, en souvenir de son fils disparu, féru de musique, organise des concerts de jazz gratuits tous les dimanches après-midi. Plus généralement, Eduardo Halfon sait parler de ces gens confrontés aux vicissitudes de la vie et qui décident de se battre et de se reconstruire. J’ai beaucoup aimé également la nouvelle Oh ghetto mon amour, consacrée à Mme Maoszek à Lodz, un personnage haut en couleur qui aide les gens à retrouver les traces de leur famille disparue pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Comme l’illustre le titre de la nouvelle précédemment évoquée, ces recueils ne sont pas dénués d’humour voire de dérision, comme lorsque l’auteur visite l’appartement qui fut celui de son grand-père dans son enfance polonaise ; il est désormais occupé par une actrice porno et Eduardo en profite pour subtiliser dans les toilettes une cassette vidéo !
Paradoxalement, dans Sable blanc, pierre noire, il ne se passe pas grand chose : l’auteur veut aller au Belize (j’ai ici une pensée pour Ingannmic qui, dans son billet du Mois latino, invitait les participants à lire un livre issu de ce pays), il reste en panne au poste frontière, erre dans la ville, va au restaurant… On ne s’ennuie pas et on se laisse embarquer par l’écriture, le sens de la description.
Au final, je vous conseille de découvrir ce livre en :
X l’achetant chez votre libraire
X l’empruntant dans votre bibliothèque
lisant autre chose
Signor Hoffmann et Le boxeur polonais, de Eduardo Halfon, traduit de l’espagnol (Guatemala) par Albert Bensoussan. Le livre de poche, 2022, 190 pages.


Ce livre a été lu dans le cadre des Lectures communes autour de l’Holocauste, ainsi que du Mois latino.
Ah je ne connais pas du tout et je pense que ça me plairait, avec cette présence de la famille, cette vie quotidienne vaille que vaille. Je note.
J’aimeAimé par 1 personne
Une nouvelle suggestion 🙂
J’aimeJ’aime
Belle proposition, qui te permet de faire d’une pierre deux coups ! J’ai récupéré ton lien.
J’ai lu Deuils de cet auteur, que j’ai eu du mal à terminer malgré sa brièveté, tant je l’ai trouvé obscur, je n’y ai rien compris. J’ai l’impression que ces nouvelles sont plus « accessibles ».. je note car ce n’est pas facile de trouver des auteurs guatémaltèques ! (et oui, c’est encore pire pour le Bélize, mais aussi le Panama ou le Honduras…).
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, c’est exactement ce que je me suis dit en voyant ce livre ; un bon support pour nos LC autour de la Shoah comme pour ton mois thématique ! Je te rassure, ces nouvelles sont en effet beaucoup plus accessibles. A bientôt pour d’autres billets sur l’Amérique latine 🙂
J’aimeJ’aime
J’ai lu Deuils l’année dernière, et beaucoup aimé, surtout l’écriture…
J’aimeAimé par 1 personne
Je vois qu’Ingannmic et toi avez un avis assez différent sur ce livre. En tout cas, ces nouvelles m’ont beaucoup plu !
J’aimeJ’aime
Encore une belle suggestion! Merci!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, du deux en un, bravo!
J’aimeAimé par 1 personne
Difficile d’honorer tous ces rendez-vous de la blogosphère, alors je combine 🙂
J’aimeJ’aime
Quelle belle découverte tu nous proposes ici. Que ce soit pour les nouvelles « polonaises » ou pour les autres, j’ai bien envie de le découvrir à mon tour. Ce croisement des géographies me fait penser aux quelques avis que j’avais lus sur Le ghetto intérieur, de Santiago Amigorena.
J’aimeAimé par 1 personne
Pour être franc avec toi, j’avais initialement privilégié d’autres lectures pour notre rendez-vous commun, et puis j’ai découvert ce livre qui m’a offert un vrai dépaysement. Je le recommande et note Santiago Amigorena.
J’aimeJ’aime
Rhhha, je note et je file chez Ingannmic car j’ai raté le Mois latino !!!
J’aimeAimé par 1 personne
Il reste encore plus de 2 semaines, pas d’inquiétude 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Euh oui, il reste 15 jours mais je n’ai pas trouvé d’auteurs du Costa Rica et du Panama…
J’aimeJ’aime