
Comme c’était déjà le cas pour Pierre Lemaitre, il n’est certainement pas nécessaire de présenter Sandrine Collette, une des romancières françaises les plus connues qui a à son compte une dizaine de titres. Curieusement, je n’ai jamais été attirée par ses livres jusqu’au jour de la sortie de son dernier roman On était des loups, dont la quatrième de couverture m’a aussitôt interpelée sans que je puisse expliquer pourquoi. Emprunté ou réservé dans plusieurs bibliothèques du coin, je l’ai finalement trouvé dans notre bibliothèque suisse allémanique.
Dans cette histoire, le lecteur tient compagnie à Liam. Liam est un homme « très nature », vivant dans les montagnes sauvages. Ce n’est pas un endroit pour les rêveurs ou les idéalistes qui auraient lu un manuel des éditions Ulmer. La supérette du coin est remplacée en effet par l’immense forêt où il faut chasser ; en lieu et place du bus, on monte à cheval ; pour les urgences, il y a l’avion d’un ami voisin… Et surtout, on doit se plier aux 4 éléments, respecter les lois naturelles, car l’hiver, les animaux sauvages, les orages … choisissent leurs victimes sans pitié.
Un jour, en rentrant à la maison, Liam découvre sa femme tuée par un ours et sous elle… Aru, son petit garçon de 5 ans, effrayé mais vivant. Aussitôt, Liam se rend à l’évidence qu’il aurait préféré l’inverse : il était très complice avec sa femme, ensemble, ils ne formaient qu’un, avec des taches bien reparties. Ce n’est qu’à contrecoeur que Liam a accepté à l’époque d’avoir un enfant, que sa femme a tellement désiré. Considérant le petit garçon comme un poids, dont il serait incapable de s’occuper et qui rendrait ses jours de chasse bien inefficaces, Liam décide de partir en ville chez sa tante pour y laisser Aru. Un plan clair avec le but de revenir vite dans ses montagnes… un plan qui ne se déroulera pas comme prévu…
J’aurais dû louer un camion pour mettre les gros et on serait allés jusqu’au pont ou même après, on aurait gagné du temps mais je n’arrive pas à avoir une pensée constructive je suis comme ces béliers ou ces boucs qui foncent tête baissée, des bas du front qui ne réfléchissent pas voilà j’avance on verra bien. Perdre des jours et des jours c’est idiot et pourtant c’est aussi le temps que la colère descende et quelque chose d’autre, peut-être l’impuissance et le chagrin qui me rongent à l’intérieur et cette idée collante comme une mouche qu’est-ce que je vais faire du môme. Tout ça il faut que ça se calme, je le sens dans mes veines ça vibre et ça tremble et c’est à ces moments-là quand le contrôle échappe, c’est à ces moments-là que les erreurs arrivent. Je suis de ces gars qui ne sont pas bons dans la nervosité, je suis bon dans la rapidité et dans les réflexes mais seulement si je maîtrise et là je ne sais pas où je vais.
Dès les premières lignes, Sandrine Collette m’a littéralement agrippée et ne m’a pas lachée jusqu’au bout. L’autrice maîtrise ses ingrédients et dosages parfaitement : pas de mots superflus, pas de pages où le lecteur décroche, du suspense, des passages émouvants mais sans être pathétiques. En faisant le choix de renoncer souvent à la ponctuation, elle crée un lien fort entre le lecteur et le personnage principal – on suit les pensées de Liam, ses raisonnements, ses souvenirs d’enfance.
Après c’est la vie qui reprend et c’est rarement beau ou doux ou drôle.
Vous l’aurez compris, j’ai adoré cheminer dans les montagnes en compagnie de Liam et Aru et je garderai volontiers un oeil sur les nouvelles publications de Sandrine Collette.
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On était des loups, de Sandrine Collette. JC Lattès, 2022, 208 p.
Un jour peut être je lirai l’auteure… peut être là, ça a l’air moins stressant?
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Et bien je dois avouer que je n’ai jamais rien lu de Sandrine Collette et que je ne la connaissais pas. Merci pour la découverte!
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j’ai lu beaucoup de bien sur ce roman.
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Comme je suis contente que tu l’aies lu et apprécié à ce point ! Je te conseille Animal avec lequel tu ne seras pas dépaysée, je veux dire au niveau du style, du rythme, du suspense, parce que tu seras dépaysée quand même puisqu’il se déroule au Népal 😉
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j’ai aussi aimé ce livre ! il me fait penser aux romans de nature writing américain.
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