Maja Göpel – Unsere Welt neu denken

Maja Göpel est une économiste allemande spécialisée dans la transformation des sociétés et le développement durable. Elle fait partie du Club de Rome ainsi que de Scientists for future, dont le but est d’apporter des éléments scientifiques aux décideurs et populations sur le changement climatique. Reconnue en Allemagne pour ses travaux, son livre Unsere Welt neu denken (que l’on pourrait traduire par « Repenser le monde ») fut un véritable beststeller avec près de 300.000 exemplaires vendus.

Unsere Welt neu denken est un livre qui analyse en une dizaine de petits chapitres différents aspects comme la nouvelle réalité du monde, le progrès technique, la nature, la justice, la consommation… Ce n’est pas un livre sur le climat ou le changement climatique mais, en tant qu’économiste, l’autrice nous invite à comprendre comment fonctionne le monde d’aujourd’hui et les règles qui régissent le système économique.

Pour quelqu’un qui a déjà lu d’autres ouvrages sur ce thème des limites de la planète et du système économique, je ne dirais pas que cet ouvrage regorge de nouveautés, mais il a le mérite de réaliser une synthèse réussie, richement documentée et finalement très accessible. Chaque chapitre est résumé en quelques lignes, ce qui permet de retenir les points clés. Enfin, des liens sont présentés en fin de livre pour continuer à s’informer ou pour passer à l’action.

Voici quelques points extraits du livre et que j’ai trouvés très intéressants :

  • Maja Göpel insiste sur les limites de la croissance et s’insurge contre un modèle économique basé sur la croissance et la consommation qui se heurtent aux limites physiques

La croissance économique sous sa forme actuelle signifie le changement climatique. Et plus de croissance économique signifie davantage de changement climatique. (…) C’est un bilan déprimant, mais finalement pas une surprise. Tant que l’humanité s’en tient à la représentation qu’il faut toujours produire plus, cela signifie que chaque progrès qu’elle fera à un endroit en matière d’environnement, sera annulé à un autre endroit.

  • Elle relativise l’apport que peut constituer le progrès technique. Alors que ce dernier a exploité la planète, on nous promet désormais qu’il va permettre de réduire l’impact environnemental sans affecter le PIB ; pour faire court, « continuer comme d’habitude – mais avec plus d’efficience ». Cela ne suffit pas en raison de l’effet rebond ou de la complexité toujours accrue des produits fabriqués.

Une voiture électrique comme l’Audi E-tron, un SUV, qui pèse plus de 2,5 tonnes dont 700 kg de batteries nécessaires pour la faire rouler, montre que la technique permet peut-être des progrès dans la vitesse et l’efficience, mais elle ne conduit pas automatiquement à faire les choses à bon escient. Rien que dans la fabrication des batteries de 100 kWh pour les grosses voitures électriques sont rejetées de six à dix tonnes de CO2. Cela correspond tout de même à ce que peut rouler une voiture essence ou diesel économe, avec une utilisation moyenne, pendant quatre ans.

  • Elle donne quelques exemples des conséquences du mode de vie occidental, qui externalise finalement ses effets négatifs. Un constat extrêmement bien résumé par une formule de Stephan Lessenich, une sociologue allemande : « Nous ne vivons pas au-dessus de nos moyens, nous vivons au-dessus des moyens des autres »
  • Une nouvelle fois, elle insiste sur le rôle stratégique et régulateur des Etats. C’est une conclusion que ce livre partage avec l’excellent essai de Pierre Veltz que j’avais chroniqué récemment, L’économie désirable. Elle cite d’ailleurs abondamment l’économiste italienne Mariana Mazzuccato, dont le récent titre L’Etat entrepreneur, avait recueilli un fort écho.
  • Enfin, elle nous invite à avoir une autre façon de voir le monde, à le regarder tel qu’il est aujourd’hui. Nous sommes passés d’un monde peu peuplé avec beaucoup de ressources à un monde très peuplé où les ressources sont limitées, cela nous oblige à revoir notre modèle et à effectuer une transition, à redéfinir la valeur.

Pour celles et ceux d’entre vous qui sont germanophones et anglophones (la version anglaise venant de sortir), n’hésitez pas à vous procurez ce livre. Notez également que Maja Göpel a récemmi sorti un autre titre, Wir können auch anders – Aufbruch in die Welt von morgen (« Nous pouvons faire autrement – Un départ dans le monde de demain ») qu’il me tarde de découvrir !

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lisez autre chose

Unsere Welt neu denken – Eine Einladung, der Maja Göpel. Ulstein, 2020, 208 pages.

Disponible désormais en anglais : Rethinking Our World: an invitation to rescue our future – Scribe UK, 2023, 224 pages.

Les extraits traduits dans ce billet l’ont été par mes soins, le livre n’ayant pas été traduit en français

16 réflexions sur “Maja Göpel – Unsere Welt neu denken

  1. keisha41 15 août 2023 / 12:30

    Aie, allemand deuxième langue ça va pour du bricolage, c’est tout. Va falloir attendre, mais ça m’intéresse.

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    • Patrice 18 août 2023 / 07:41

      C’est dommage que ce genre de livres ne soit pas plus traduit, mais il te reste la version anglaise 🙂

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      • keisha41 18 août 2023 / 07:59

        La version anglaise ne me fait pas peur, mais elle n’est pas là. Je voudrais aussi être sûre que je n connais pas déjà une partie du contenu?

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  2. je lis je blogue 15 août 2023 / 19:07

    L’Allemand était aussi ma seconde langue et j’ai eu l’occasion de confirmer cet été que mon niveau n’est pas suffisant pour échanger ou lire.

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    • Patrice 18 août 2023 / 07:42

      Tu étais en vacances en Allemagne ?

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      • je lis je blogue 18 août 2023 / 11:46

        oui, dans une belle région entre Trèves et Coblence

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  3. Sacha 16 août 2023 / 11:47

    Je pense avoir déjà pas mal fait le tour du sujet abordé dans ce livre-là, mais le nouvel opus « Wir können anders » m’intéresse ! J’avais aussi l’allemand en LV2, mais il a fini par égaler voire dépasser mon anglais, merci à mon année Erasmus et autres stages outre-Rhin 😀

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    • Patrice 18 août 2023 / 07:43

      Je prévoir de lire ce nouveau titre prochainement :-). Félicitations pour l’allemand – je ne suis pas objectif mais c’est une langue tellement plus intéressante que l’anglais 🙂

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    • Patrice 18 août 2023 / 07:44

      Ca devient rare, l’allemand 1ère langue :-). Félicitations !

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      • Miriam Panigel 18 août 2023 / 08:27

        C’était dans les années 60 et dans un lycée parisien

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  4. La Barmaid aux Lettres 18 août 2023 / 06:44

    « Pour quelqu’un qui a déjà lu d’autres ouvrages sur ce thème des limites de la planète et du système économique, je ne dirais pas que cet ouvrage regorge de nouveautés, mais il a le mérite de réaliser une synthèse réussie, richement documentée et finalement très accessible. »
    Peut-etre pas pour moi donc… Maiiiis je le note quand même, au moins pour offrir, merci !

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    • Patrice 18 août 2023 / 07:52

      Oui, je vois que tu lis et publie des chroniques sur des livres très intéressants sur cette thématique. On devrait peut-être organiser une semaine de lectures thématiques sur l’environnement, tu ne trouves pas ? (le 8 décembre, c’est par exemple la journée mondiale du climat par exemple)

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      • La Barmaid aux Lettres 20 août 2023 / 12:00

        Ah ça m’intéresserait !!!
        Mais à partir de septembre j’ai une fin d’année qui s’annonce mouvementée.
        Peux-tu, s’il te plait, me faire un mail comme ça je peux le mettre « en rouge » et quand je rentre à Paris, je pourrais regarder ma pile à lire et voir s’il y a des livres sur cette thématique pas trop énorme dans ma PàL ?

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  5. tadloiducine 19 août 2023 / 10:34

    Je ne spreche/speake ni allemand ni anglais… ;-/
    Tant pis, je me contenterai de relire L’humanité en péril (tome 1) de Fred Vargas (je ne connais pas l’édition augmentée qu’elle a rédigée), et de découvrir son tome 2…
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

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