Marie Charrel – Les mangeurs de nuit

Les mangeurs de nuit sont le septième roman de l’écrivaine et journaliste du Monde Marie Charrel. Elle fait revivre un pan peu connu de l’histoire canadienne, celles des violences infligées aux immigrants japonais au XXème siècle.

Nous sommes en 1956, Hannah est alors réfugiée dans une maison isolée, dans les montagnes canadiennes. Rapidement, son histoire se dévoile au lecteur. Sa mère Aiko est japonaise, et elle s’est mariée « sur photo » avec un Canadien d’origine nippone en 1926. De cette union (malheureuse) naquit Hannah en 1928. L’un des fils narratifs de l’histoire est le parcours d’Hannah et Aiko au Canada. Après avoir vécu plusieurs années dans la forêt, les deux femmes s’établissent à Vancouver, y menant une vie paisible jusqu’à ce que les Japonais commencent à être discriminés, dès la crise de 1929 et durant la période qui s’écoule jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale :

Contrairement à ce qu’affirme la propagande anti-immigration, les Japonais – dont certains sont implantés depuis le XIXe siècle, et beaucoup détiennent la citoyenneté canadienne – ne sont pas si nombreux dans le pays : guère plus de vingt-deux mille, sur une population totale de onze millions d’habitants. Ils passeraient inaperçus s’ils étaient dispersés dans le pays, comme les autres minorités. Seulement voilà : ils sont concentrés en Colombie-Britannique, en particulier autour de Vancouver, et cela les rend visibles. Trop. On les accuse de se reproduire comme des lapins pour remplacer la population locale, alors que la moitié des nouveau-nés d’origine japonaise meurent avant d’avoir atteint l’âge d’un an.

Un second fils narratif concerne l’histoire de Jack, qui est un « creekwalker » (« marcheurs de ruisseau ») et qui est chargé de recenser les saumons pour le gouvernement sur sa zone de responsabilité. Jack est un homme qui veut « épouser la sécurité de la forêt ». Alors qu’il est sur les traces d’un ours blanc, il recueille une jeune fille dans la forêt, gravement blessée. Les deux histoires bien évidemment se recoupent.

J’ai beaucoup aimé ce livre très bien écrit, au vocabulaire riche, qui est à la fois un roman historique et un livre de légendes. Les récits s’enchevêtrent, donnant momentanément l’impression au lecteur d’être perdu mais il n’en est rien. On sent derrière tout cela la maîtrise de l’autrice !

Je remercie la Fondation Orange et Lecteurs.com pour l’envoi de ce livre qui était dans la liste des 5 derniers titres en lice pour le Prix Orange du Livre 2023 (qui a finalement été décerné à Paul Saint Bris pour L’allègement des vernis).

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Les mangeurs de nuit, de Marie Charrel. L’observatoire, 2023, 295 pages.

14 réflexions sur “Marie Charrel – Les mangeurs de nuit

    • Patrice 25 août 2023 / 10:56

      Merci beaucoup pour ton commentaire ! Il est vrai que ce sujet est original, cela fut une véritable découverte pour moi. Heureux de participation à ton challenge !

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  1. keisha41 21 août 2023 / 10:21

    Hé bien, il est à la bibli, je l’ai noté, surtout qu’il y a ce challenge!

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    • Patrice 25 août 2023 / 10:57

      Un bon moment de lecture en perspective !

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  2. luocine 21 août 2023 / 14:34

    j’ai déjà lu un ou deux romans sir le sort des Japonais aux USA, cela n’est pas très étonnant que le Canada ne les ait pas mieux traités , je lirai volontiers ce récit.

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    • Patrice 25 août 2023 / 10:59

      Je ne connaissais pas du tout ce thème, que ce soit au Canada ou aux Etats-Unis. Je te conseille ce livre sans hésitation.

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  3. krolfranca 21 août 2023 / 18:51

    Je suis entièrement d’accord avec toi, j’ai aussi beaucoup aimé ce roman, riche, bien construit, et écrit dans une si belle langue.

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    • Patrice 25 août 2023 / 11:00

      Tu résumes très bien les qualités de ce titre !

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  4. je lis je blogue 21 août 2023 / 20:02

    j’ai déjà lu deux ou trois romans sur l’histoire des exilés japonais en Amérique du Nord mais coté USA.

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    • Patrice 25 août 2023 / 11:00

      J’ai des lacunes apparemment ! Est-ce que tu peux mentionner les titres ?

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  5. Miriam Panigel 26 août 2023 / 18:06

    je connaissais les persécutions américaines sur les Japonais, je n’imaginais pas que ces pratiques aient eu lieu au Canada

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  6. alexmotamots 6 octobre 2023 / 14:56

    Je m’attendais à mieux, et je n’ai pas apprécié le titre qui ne tient que peu de place dans le roman.

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