Dans son premier roman paru en bulgare en 2018, Rhapsodie balkanique, l’écrivaine Maria Kassimova-Moisset s’inspire de l’histoire de sa propre famille pour nous offrir un récit très émouvant.
Miriam est une jeune fille énergique, impétueuse, pleine de ressources et animée d’une volonté inébranlable. Elle vit dans la Bulgarie du début du XXème siècle dans la petite ville de Bourgas avec sa petite soeur Mila, ses frères aînés, son père Todor et sa mère Théotitsa, d’origine grecque. Cette dernière reste très marquée par la mort d’autres enfants en bas âge en souvenir desquels elle garde des sortes de reliques dans un grand coffre.
Lors d’une promenade, Miriam rencontre Ahmed, un jeune Turc qui gagne sa vie en vendant des glaces et de la limonade. Rapidement, les deux jeunes gens ne se quittent plus. L’un des frères aînés de Miriam saisit bien l’impasse dans laquelle va se retrouver sa soeur :
_ Oui, Miya, chuchota-t-il enfin, oui, il est d’une autre confession. Et tu le sais. Si maman l’apprend, il n’y aura plus aucune place pour toi, aucune place, ni sur cette terre ni sur l’autre.
Miriam se fait traiter de putain et l’opprobre se répand sur toute la famille :
Ils faisaient l’objet des commentaires de voisins, maîtresses de maison, vendeurs, pêcheurs, artisans, domestiques dans des maisons riches, administrateurs, employés de bureau, journalistes. On parlait de leur amour pécheur dans toutes les langues locales – bulgare, turc, arménien, grec, hébreu. Theotitsa ne sortait quasiment plus de chez elle – la lame de fond de cet intérêt malsain était au-dessus de ses forces.
Miriam et Ahmed décident alors de partir vers Istanbul en quête d’une vie meilleure, mais leurs conditions de vie restent très précaires, et les préjugés les suivent, ou plutôt suivent Miriam, qui devra faire face à des questionnements cornéliens quant à l’avenir de sa famille.
Rhapsodie balkanique est un livre très émouvant qui tient le lecteur en haleine. Structuré en chapitres dédiés à tour de rôle aux principaux personnages, racontés par un narrateur omniscient, mais laissant une place importante aux dialogues, il est également agrémenté d’entretiens fictifs que mène l’autrice (en fait la petite-fille de Miriam) avec certains personnages, quelquefois sans concession !
Ce procédé, qui aurait pu ralentir la progression du récit, le met au contraire en perpective et s’avère fort utile pour deviner les directions que prennent les vies des protagonistes, car la fin ne nous dévoile pas tout.
C’est un roman très fort, un témoignage à valeur universelle sur les préjugés, le poids de la religion, des conventions, mais aussi un livre mettant en scène des personnages forts auxquels il est difficile de ne pas s’attacher. Une très belle découverte pour cette rentrée littéraire et une vraie maîtrise pour un premier roman.
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Rhapsodie balkanique, de Maria Kassimova-Moisset, traduit du bulgare par Marie Vrinat. Editions des Syrtes, 2023, 258 pages.
Et si on bouquinait un peu ? 
J’aime tout ce que vous dites de ce roman et malgré ma résolution de ne pas noter de nouveaux roman je crois bien que je vais craquer.
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Je ne sais pas si je dois m’en féliciter ou m’excuser :-). Bonne lecture en tout cas (il ne peut en être autrement !)
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Je suis en train de le lire il était au programme du club de lecture et tout ce que vous avez dit sur ce roman est vrai : la lecture en est passionnante .
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Cet avis confirme mon projet de lire ce roman très prochainement! Je vais quand même essayer de faire baisser ma pile de lectures avant ça car là, ça déborde de toutes parts 😊.
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La rentrée littéraire n’aide pas pour faire baisser la PAL. Tant de belles suggestions… Ce roman mérite de rester en haut de la pile !
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je suis comme Luocine très attirée par ce roman, je vais le noter et j’aime bien que la littérature des Balkans soit désormais de plus en plus à notre disposition
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Tout à fait d’accord avec toi sur la littérature balkanique, c’est une grande satisfaction !
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Il me fait très envie, ce roman!
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Ca ne m’étonne pas 🙂
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Je l’ai repéré suite à un article dans la presse, et je suis comme tout le monde : j’ai très envie de le lire !
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Ne serait-ce pas dans « Le Monde » ? Je suis également tombé sur cet article qui donne très envie de lire le livre.
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J’ai vu ta chronique au moment de publier la mienne. Je partage ton enthousiasme pour ce roman à la fois émouvant et palpitant. J’ai beaucoup apprécié aussi les conversations de l’autrice avec ses proches disparus. Elles apportent une lumière sur la façon dont elle a choisi de nous raconter son histoire familiale et de construire son roman.
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Merci pour ton commentaire, il me reste à aller lire ta chronique et je m’en réjouis. Tout à fait d’accord avec ces conversations qui apportent un vrai éclairage dans le récit.
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Eventuellement, si la bibli se bouge! Là ma CB est chaude.
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Laisse passer la rentrée littéraire, mais n’oublie pas de le noter !
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Je viens de lire le billet de « Je lis je blogue » et maintenant le tien. Elle a tout pour me plaire cette histoire familiale, sur fond de Balkans. Je vais faire la suggestion à ma bibliothèque.
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Très bonne idée, je suis sûr que cela sera une très belle découverte pour de nombreux lecteurs !
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Encore une très belle découverte grâce aux Editions des Syrtes !
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C’est souvent le cas en effet !
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Bonjour Patrice, un livre dont je n’avais pas entendu parler, merci sur ce conseil et puis partir en Bulgarie est exotique. C’est un pays dont on ne parle jamais. Bonne journée.
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