Je dois admettre que ma dernière rencontre avec Maupassant doit remonter à plus d’une vingtaine d’années. Aussi, je saisis avec plaisir la perspective de redécouvrir l’un des auteurs clés du XIXème siècle à travers le livre de l’écrivain allemand Arne Ulbricht, cette petite crapule de Maupassant. Une invitation à relire l’auteur de Boule de Suif, mais aussi ses contemporains, au premier rang desquels figure Gustave Flaubert.
Si le prologue s’ouvre par un Maupassant en proie à de violents maux de tête, à des troubles de la mémoire et de la raison, se concluant par une tentative de suicide, et une décision d’internement (nous sommes alors en 1892, un an avant la mort de l’auteur), le livre traite avant tout du Maupassant jeune, des années de formation jusqu’aux premiers réels succès en 1880.
Le lecteur fait ainsi connaissance du jeune Guy, élevé par sa mère qui lui lisait le soir Salammbo de Flaubert, supportant avec beaucoup de mal l’internat religieux d’Yvetot dont il fut exclu à l’âge de 18 ans, sa première rencontre avec Flaubert alors qu’il n’a que 17 ans (Flaubert était un ami de la famille – l’oncle de Maupassant était le meilleur ami de l’écrivain) ou encore son souhait de consacrer sa vie à l’écriture et d’être reconnu pour cela. Un parcours qui ne fut pas toujours une ligne droite : contraint de participer à la guerre entre la France et la Prusse, de gagner son pain comme fonctionnaire, ce n’est qu’en 1876, à l’âge de 26 ans, qu’il fut payé pour sa première nouvelle.
Autour de Maupassant gravitent les amis et les femmes bien sûr ! Grand amateur de la gent féminine, il était pourvu d’une grande vigueur sexuelle qu’il allait assouvir régulièrement dans les maisons closes. Il était parfois accompagné de ses amis écrivains.
La version allemande du livre s’intitule « Biographischer Roman » (« Roman biographique » en français). Arne Ulbricht s’est certes appuyé sur une large bibliographie pour écrire ce livre ; pour autant, en imaginant certaines scènes à partir d’écrits, il se défend d’écrire ici une biographie et le titre allemand le rend bien. L’un des grands mérites de l’ouvrage est justement de rendre très vivantes les scènes décrites, de saisir l’énergie de la création qui animait Maupassant mais également ces contemporains. Il fréquentait Huysmans, Léon Hennique, Henry Céard et Paul Alexis, avec lesquels il collabora pour écrire un recueil de nouvelles en compagnie d’Emile Zola et intitulé « Les soirées de Médan » et qui sera pour lui l’occasion de connaître un vrai succès grâce à Boule de Suif ; un livre que Flaubert qualifiera de « chef d’oeuvre ». Flaubert est bien évidemment très présent dans ce livre. Bienveillant envers Guy de Maupassant, il sera l’un des éléments clés dans la révélation du talent du jeune écrivain, avant de s’éteindre en 1880, alors que son dernier livre « Bouvard et Pécuchet », qui représenta pour lui un travail titanesque, est à peine achevé :
_ J’ai lu mille cinq cents ouvrages pour en écrire un seul, dit-il en soupirant, et tous savaient qu’il n’exagérait pas, car voilà des années qu’il n’avait pour ainsi dire rien fait d’autre que travailler à ce roman pour lequel il avait dû effectuer des recherches considérables.
En guise de conclusion, je conseillerais volontiers ce livre à des lecteurs qui veulent rafraichir leurs connaissances sur Guy de Maupassant et plus généralement sur cette période si riche en talents littéraires. Si vous connaissez déjà bien l’auteur, une biographie plus classique et plus fouillée sera peut-être préférable. Quoi qu’il en soit, j’ai passé un très bon moment de lecture et je vous conseille :
X d’acheter ce livre chez votre libraire
X de l’emprunter dans votre bibliothèque
de lire autre chose
Cette petite crapule de Maupassant, de Arne Ulbricht, traduit de l’allemand par Elizabeth Willenz. Editions du Sonneur, 2019, 320 pages.
Et si on bouquinait un peu ? 
J’avoue que je trouve le titre en Français bien plus accrocheur
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Le titre allemand est… très allemand :-). Le titre français interpelle davantage en effet.
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On est heureux qu’outre Rhin cet auteur soir mieux connu.
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Oui, et l’auteur allemand explique justement à quel point la lecture de Maupassant l’a marqué quand il était adolescent.
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À l’exception de sa fin tragique, je ne connais pas grand-chose de la vie de Maupassant. J’aimerais assez me plonger dans ce bouillon intellectuel et littéraire, d’autant que visiter la maison de Zola à Médan est un de mes projets pour 2024. Titre noté !
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C’était le cas pour moi et ce livre a été l’opportunité de le découvrir justement. Je t’envie de visiter la maison de Zola (fais-le absolument). On l’avait visité il y a déjà quelques années (avant la rénovation) et cela nous avait beaucoup plu. Ce serait un bon sujet pour notre gazette littéraire 🙂
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C’est noté, je te ferai signe quand j’aurai des photos et un petit compte rendu 😁. (Mais pour l’instant aucune date n’est encore fixée. )
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Sacha, merci à toi de m’avoir signalé ce livre et ce billet de Patrice, sur le blog de dasola où j’avais chroniqué un recueil de nouvelles de Maupassant en livre de poche!
Je note que c’est plutôt une « biographie romancée » qu’une véritable biographie.
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola
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Maupassant est l’auteur du XIX° que je relis le plus volontiers. J’ai beaucoup aimé sa biographie « Maupassant le bel ami » par Armand Lannoux . Je préfère ses nouvelles à ses romans.
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Merci beaucoup pour ton commentaire et je note volontiers cette biographie. Je dois avouer que les biographies d’écrivains sont un genre dans lequel je suis content de me plonger. L’an dernier, c’était Balzac de Zweig par exemple qui m’a beaucoup séduit. Je suis en train de relire justement des nouvelles de Maupassant cette semaine et je suis tout à fait charmé par son écriture.
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Tu me tentes, je fréquente épisodiquement Maupassant et toujours avec bonheur. Je t’offre une balade au château de Miromesnil où il est né https://netsdevoyages.car.blog/2022/09/25/le-chateau-de-miromesnil-lieu-de-naissance-de-maupassant/
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Quelle belle balade, je la note, dommage que nous soyons désormais si loin de la Normandie. Le jardin m’attire tout particulièrement (je ne connaissais pas ces choux de 20 kg !)
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JE n’ai jamais été déçue par Maupassant. J’avais adoré Bel-Ami lu au lycée par exemple, et Boule de suif. Cette biographie me tente beaucoup, notamment pour l’entourage et l’atmosphère de l’époque.
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Il est justement question de la genèse de Boule de Suif dans ce roman, cela te plairait sûrement. Je te rejoins, ce genre de livre enlève la poussière qui recouvre désormais cette époque qui est rendue très vivante.
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En parlant de dépoussiérage, as-tu l u la bio de Balzac par Titiou Lecoq? J’avais adoré!
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Intéressant Patrice, vraiment. Merci pour la belle suggestion!
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Merci pour ton commentaire, Nathalie !
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Comme il est question de deux normands, dont Flaubert (j’habite Rouen) je me sens attirée par cette biographie romancée. Je connais la vie de Maupassant dans les grandes lignes, mais pas si bien que ça. Ceci dit, je pense souvent à ses nouvelles lorsque je me balade dans le pays de Caux.
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Tu me donnes envie de me plonger dans une biographie de Flaubert :-). Je viens d’ouvrir « Clair de Lune » et j’imagine sans peine la région qui se cache derrière ces nouvelles. Tu as de la chance d’y résider.
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Ce livre va passer directement de mon écran à ma bibliothèque
Quel plaisir ce genre de livre qui donne envie de rouvrir tout un tas de livres
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Et quel plaisir de lire un tel commentaire :-). Merci Dominique. Je partage tout à fait ton avis, c’est le genre de livres qui donne envie de lire Maupassant, assurément.
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Mais pourquoi crapule ? Tu m’intrigues.
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Bonne question, j’attendais que quelqu’un la posât ! En fait, c’est l’un de ses maîtresses qui l’appelait « petite crapule », d’où le nom du livre.
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Ah, voilà juste au-dessus la réponse à la question que je me posais devant ce titre assez racoleur. « Une vie » et « Bel-ami » sont ses romans que je préfère, quant aux nouvelles, on a le choix – des leçons de vie, souvent.
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