L’année dernière, pour notre rendez-vous sous le signe des romans épistolaires, j’avais choisi une histoire moderne avec des mails tapés sur le clavier d’un ordinateur et transmis instantanément. Cette année, j’ai opté pour des lettres traditionnelles, écrites à la main et acheminées par des messagers. On est alors au 16ème siècle, à Florence, juste au moment où le peintre Pontormo vient d’être assassiné. A partir de ce fait divers, Laurent Binet orchestre magistralement une belle ribambelle de personnages et dévoile leur correspondance.
Laissons le rideau s’ouvrir sur la scène, qui est Florence, en 1557.
Pontormo travaillait depuis de nombreuses années sur une fresque au service de Cosimo de Médicis, duc de Florence. On le retrouve soudain mort dans la chapelle de San Lorenzo, un ciseau enfoncé dans le coeur. L’affaire se complique quand on s’aperçoit que certains endroits sur la fresque auraient été fraîchement repeints avec un style ne correspondant pas aux méthodes de Pontormo ; c’est sans équivoque pour les artistes. On découvre ensuite un tableau de Vénus et Cupidon, disons, quelque peu révisité et pour finir, des rumeurs courent sur le fait que Jacopo Pontormo aurait penché vers le protestantisme ! Qui a donc pu assassiner Pontormo ? Une main guidée par Dieu ? Un connaisseur d’art horrifié par la mauvaise qualité des tableaux ?
Certes, nos compatriotes sont parfois un peu excessifs et pointilleux en matière d’art, mais je n’ai pas encore jugé bon de retenir cette hypothèse.
Le duc confie l’affaire à Giorgio Vasari qui lance discrètement ses filets, mais les autres protagonistes ne s’endorment pas non plus sur leurs lauriers. Pourquoi ne pas en profiter pour affaiblir un peu la position du duc ? Pour nous faciliter (légèrement) la tâche, le narrateur dresse d’abord une liste de tous les correspondants issus des milieux variés. Citons parmi eux, Catherine de Médicis qui tirera formidablement les ficelles depuis la France ou alors Michel-Ange qui apportera son expertise artistique tout en étant occupé par la basilique Saint-Pierre à Rome. Amusé, le lecteur découvre ces lettres pleines de complots et de rumeurs, où chacun suit ses propres intérêts.
Mon cher Giorgio, je t’en conjure, hâte-toi de démêler cette affaire, car la Duchesse me harcèle, et tu connais son caractère. J’ai une fille à marier, une femme à apaiser, un pays à administrer et une ville à entretenir. (De ces quatre travaux, ma femme n’est pas le moins difficile.) Tout ceci fait que je n’ai guère de temps pour les mystères. Tu m’as parlé d’un différend avec un broyeur de couleurs. Regarde de ce côté-là. On sait où peuvent mener les mauvais instincts de la plèbe.
Ecrit avec un souci du détail, érudit et parsemé de l’humour, on devine l’immense plaisir qu’a pris Laurent Binet à écrire cette histoire. Il en était de même pour moi quand j’ai tourné les pages.
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Perspective(s), de Laurent Binet. Grasset, 2023, 288 pages.
Lecture faite dans le cadre du rendez-vous consacré aux romans épistolaires que nous co-organisons avec Madame lit.
Et si on bouquinait un peu ? 
J’imagine que tu as souri à plusieurs reprises durant cette lecture !
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Il faut un peu s’accrocher, car il y a beaucoup de personnages mais c’est une lecture très plaisante, amusante et riche en détails historiques. Un délice !
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Bien aimé et lu pour les romans épistolaires
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Je viens d’ajouter le lien vers ta chronique 🙂
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Encore un de ces nombreux livres que j’ai très envie de découvrir et que je n’aurai sans doute pas le temps de lire… Ton billet fait très envie en tout cas et tu sembles avoir pris beaucoup de plaisir à cette lecture.
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J’espère que ce livre croisera un jour ton chemin malgré la liste de souhaits qui s’allonge tous les jours ! Une lecture obligatoire avant de visiter Florence !
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C’est un de ceux que j’ai failli lire pour ce rendez-vous, ce livre étant en projet de lecture depuis sa parution, mais je m’y suis prise trop tard. Tant pis, ton avis me motive bien à le lire en tout cas.
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Je m’y suis prise un peu tard aussi, je vais de ce fait devoir relire la fin car je me suis un peu dépêchée et c’est dommage. Il y a beaucoup de détails et de personnages, il est préférable de ne pas trop entrecouper la lecture, qui reste malgré ça fluide et très distrayante.
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J’ai lu le roman à sa sortie et je me suis régalée tout comme toi.
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Ce livre est un régal !
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Un bon souvenir de lecture, plaisir présent!
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Je suis d’accord avec toi, c’est intelligent et distrayant !
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C’est très habilement fait et très agréable à lire, ça fait du bien.
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Un très bon moment de lecture et un titre indispensable aux amateurs d’art ou visiteurs de Florence !
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Plaisir partagé ! Merci pour le lien d’ailleurs 🙂
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Avec plaisir 🙂
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Il me tente beaucoup et les extraits que tu cites me pousse à le faire remonter dare-dare en tête de mes priorités estivales 😀
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Je suis contente ! Prévois quelques petites soirées car cette lecture n’aime pas être entrecoupée. C’est une histoire originale, riche en détails historiques et amusante.
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C’est noté 🙂
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J’oubliais le lien vers ma lecture épistolaire : https://des-romans-mais-pas-seulement.fr/romans/lettres-a-mina-thuan/
Merci pour ce beau rendez-vous qui pousse à chercher des titres inédits!
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J’ai beaucoup aimé ce titre de l’auteur. Plus que son précédent qui m’était tombé des mains.
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Son précédent était La septième fonction du langage ? Patrice a lu HHhH et l’a trouvé très bien. Ca fait en tout cas plaisir de voir un auteur qui surprend par chaque titre et s’aventure dans des genres variés.
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Non, c’était Civilizations qui m’était tombé des mains.
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