Après la chronique de La France sous nos yeux, il me tardait de lire le nouveau livre de Jérôme Fourquet, La France d’après, qui est une analyse politique de cette nouvelle France dont la décomposition / recomposition électorale est massive depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017.
En 1913, André Sigfried publiait un Tableau politique de la France de l’Ouest. Jérôme Fourquet se réclame de cette approche qu’il veut appliquer à la France contemporaine, avec force cartes et sondages.
Après avoir montré que les anciens fiefs ont vécu, remplacés par une nouvelle logique (voix LREM dans les zones favorisées, près des métropoles, touristiques vs. voix RN dans les zones d’anciennes industries ayant périclité), il nous emmène faire un tour de France des votes. Une grande partie du livre est d’ailleurs consacrée à l’analyse du vote de la présidentielle 2022.
Qui vote Macron, Mélenchon, Zemmour en 2022… et surtout qui vote Le Pen dans une longue partie intitulée « 2002 – 2022, retour sur la montée des eaux bleu-marines ». Certains chiffres interpellent : 5.5 millions d’électeurs se portent sur le père en 2002 (ce fut à l’époque un séisme), nous en comptons aujourd’hui 13.3 millions. Une progression qui se fait partout en dehors des métropoles et des banlieues, avec une candidate qui s’adresse à cette France périphérique, pour reprendre le terme de Christophe Guilluy.
Jérôme Fourquet revient sans tabous sur les facteurs qui alimentent le vote RN, notamment l’immigration, la délinquance, la demande de régalien. La hausse de la violence, corroborée par les chiffres, s’accompagne surtout d’une très grande médiatisation, « sans commune mesure avec celle des années 80/90 », par le haut (médias, en premier lieu C’ News) ou le bas (réseaux sociaux).
Postée le 15 juin 2020, une vidéo sur des affrontements entre Tchétchènes et Maghrébins dans le quartier des Grésilles à Dijon, sera regardée 1,8 million de fois. 1,2 million de vue pour une autre vidéo en date du 13 septembre 2020 à propos d’échanges de tirs de mortier d’artifice en plein jour entre bandes de jeunes du XVIIIe arrondissement de Paris, la vidéo d’une très violente agression d’un vigile dans un centre commercial de La Défense en mars 2022 générant, quant à elle, 1,1 million de vues.
Un second point intéressant est la laïcité. Les débats entre les écoles laïques et privées, qui occupèrent le devant de la scène jusque dans les années 90, n’ont plus lieu (même s’ils sont revenus en quelque sorte ces derniers mois). Quand on parle aujourd’hui de laïcité, c’est en rapport avec l’islamisme et Marine Le Pen s’est emparée de ce thème.
Enfin, signalons un autre aspect important que représente le pouvoir d’achat. Le changement du tissu productif, la hausse des nouvelles dépenses contraintes, la tentation de nouvelles habitudes de consommation fait qu’en 10 ans, le pourcentage de Français qui réussissent à épargner a baissé de 20%. Une précarité qu’a bien saisi le parti d’extrême-droite et que résume ainsi Jérôme Fourquet : « A tous ceux qui ont le sentiment d’avoir été relégués aux marges de la société de consommation, Marine Le Pen assure qu’elle les réintégrera en son cœur. »
Même si ce tome est plus politique et moins sociétal que le précédent, il n’en demeure pas moins une mine d’information primordiale sur l’évolution de notre pays et de son vote, d’autant plus intéressante après le vote des Européennes et avant celui des Législatives.
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La France d’après – Tableau politique, de Jérôme Fourquet. Seuil, 2023. 560 pages.
Et si on bouquinait un peu ? 
Un livre qui semble plus que d’actualité et dont je te remercie de la découverte.
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Je ne l’ai jamais lu mais j’apprécie sa participation à l’émission C’dans l’air
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Je constate que beaucoup semblent surpris par le basculement récent, mais que pour qui s’intéressait au sujet de près, les choses se préparaient en fait depuis bien longtemps et se sont « simplement » accélérées ces dernières années. Je me demande bien ce qu’il deviendra de l’après-après et ce que pourra en écrire Jérôme Fourquet. Je ne suis malheureusement pas très optimiste…
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Un billet et un bouquin utiles à proposer au challenge des Pavés de l’été 2024 chez Sibylline…
Vous ne parlez pas d’un autre point important: la hausse de l’abstention. Ceux qui ne votaient plus lors des derniers scrutins faute d’offre qui leur « plaise » vraiment (en ayant un peu marre de ne voter que pour « éliminer »), ceux qui n’ont jamais voté… On assiste à un essor important du vote par procuration en ce début de vacances d’été.
On en saura davantage dans deux semaines (pour le meilleur ou pour le pire!). Je n’ai aucun doute que de nombreux livres nous expliquerons « ce que nous avons voulu » (certains doivent déjà être en train d’être rédigés pour la partie « historique », le chapitre final sera achevé en fonction des résultats, pour une sortie avant le 14 juillet… ou disons avant le 31!).
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola
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Les deux ouvrages ont l’air complémentaires. Je note aussi celui-là. J’ai sur mes piles un titre de Florence Aubenas, « En France », qui est si j’ai bien compris une compilation de chroniques parues dans Le Monde, qui prennent la température de la France « d’en bas » (je cite je n’aime pas ce terme) entre 2012 et 2014..
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Après le commentaire de Dominique je suis allée voir la tête de Jérôme Fourquet et comme elle j’apprécie ses interventions à « c’est dans l’air » émission que j’aime bien écouter. Cela ne m’étonne pas que ses livres soient intéressants
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Ouvrage très intéressant, mais je t’avoue que dans ces temps de ténèbres, j’ai plus envie de lire de la fiction. Non pour fuir le réel, mais pour ce pouvoir de transfiguration de la fiction et de rendre le réel habitable.
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