Post frontière, de Maxime Gillio, est un roman qui nous emmène à la rencontre de Patricia Sommer, une journaliste berlinoise au Tageszeitung qui se pointe un jour devant la maison d’Inge Oelze dans le but de faire raconter à cette dernière son expérience particulière : celle d’avoir fui la RDA pour Berlin Ouest puis d’avoir refait le chemin inverse avant la réunification. C’est du moins la version officielle…
Pour être exact, il faut dire qu’Inge Oelze est d’abord intriguée par la requête de la journaliste qui, pour s’imposer, n’hésite pas à recourir au chantage :
_ Ce que je sais sur vous, madame Oelze, c’est tout ce que la Stasi a consigné. Mais il ne tient qu’à vous de rétablir la vérité… C’est votre version des faits qui m’intéresse. Votre histoire. Je veux vos larmes, vos joies, vos espérances et vos drames. Je veux l’histoire d’une femme, pas le compte rendu froid et impersonnel d’une bureaucrate. (…) Si vous décidez de me parler, je vous promets que votre témoignage sera anonyme. Si vous préférez vous taire, je respecterai votre choix, mais serai obligée d’écrire mon livre à partir du simple témoignage d’un dossier morcelé. Si j’en crois ce qui y est écrit, vous n’avez plus vos parents, pas d’époux, pas d’enfants. Vous n’avez donc rien à perdre, mais tout à gagner. Je vous laisse mon numéro de téléphone. Je rentre à Berlin ce soir. De toute façon, mon livre sortira. A vous de voir avec quelle vérité.
La vie d’Inge, mais aussi celle de sa mère Anna, de son frère Helmut, défilent sous la plume d’un narrateur extérieur. Une vie mouvementée qui prend les chemins de la Tchécoslovaquie, car la famille était originaire des Sudètes, avant de s’exiler dans l’après-guerre vers ce qui deviendra la RDA. Se déroule ainsi devant nous un demi-siècle d’histoire allemande avec ses soubresauts, la fermeture des frontières, la tentation de passer à l’Est, le spectre du terrorisme aussi. La construction du livre est intéressante car elle renvoie vers des chapitres traitant des lieux et des années différentes.
Après avoir lu Le tumulte et l’oubli de Timothée Demeillers, j’ai retrouvé des aspects communs entre les deux livres, notamment sur la partie concernant l’exil de Bohême : les conditions dans lesquelles Anna dut quitter le pays en 1945, les exactions, sont très bien restituées. Certaines pages sont assez terribles et font une forte impression sur le lecteur. J’ai trouvé le personnage d’Anna vraiment bien traité, et j’ai été ému à lire les pages la concernant. Inge est quelqu’un qui peut sembler froid, mais elle est aussi attachante par son cheminement. Ce n’est malheureusement pas le cas de Patricia, parfois arrogante, mal dans sa peau au point de sombrer dans l’alcool et de coucher avec le premier venu, et que j’ai trouvée finalement superficielle. La fin ne m’a pas non plus convaincu.
Néanmoins, au final, malgré mes réserves, je ne regrette pas d’avoir lu ce livre, dont la genèse est d’ailleurs bien racontée par l’auteur en postface.
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Post frontière, de Maxime Gillio. Talent Editions, 2023, 336 pages.
Et si on bouquinait un peu ? 
Je crois que je vais m’arrêter à tes réserves , pourtant ce sujet m’intéresse mais j’ai tant de retard dans mes lectures !
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Tu n’es pas la seule à avoir du retard :-). C’est un livre intéressant, vraiment, il y a des passages vraiment forts et intéressants sur l’Allemagne des années 70 ou sur la Bohême de l’après guerre.
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Malgré tes quelques réserves, je vais noter ce titre. Mon séjour de quelques semaines cet été à l’ouest de la Pologne, et le passage au retour par le musée de Görlitz, qui traite pudiquement cette période de l’histoire, m’ont donné envie de creuser cette question des Flüchtlinge des anciennes régions allemandes ou de peuplement allemand.
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Je te comprends, c’est un thème complexe et parfois méconnu aux yeux de ceux n’habitant pas à proximité de l’espace germanique. En lisant récemment le livre de Katja Hoyer sur la RDA, celle-ci souligne qu’en 1950, un quart de la population du pays était représentés par des Allemands déplacés venus de l’Est. Cela montre l’ampleur de ces migrations.
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Je vais plutôt rester sur Le tumulte … que j’ai noté car il faut faire des choix !
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Je te comprends et je suis d’accord avec ton choix !
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Je vais faire comme Luocine, j’aurais pu copier/coller son commentaire 🙂
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Je le comprends, on ne peut tout lire en effet !
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