
La récente collection l’écopoche des Editions Rue de l’Echiquier met en valeur, sous un format poche, des titres liés à l’écologie et aux questions de société. Citons parmi eux la réédition de Les limites de la croissance (le rapport Meadows) ou encore un titre dont j’ai fait l’acquisition récemment et qui traite du sujet de la biodiversité, Le climat qui cache la forêt. Dans Les villes face aux géants de la tech, l’économiste et urbaniste Jean Haëntjens revient sur les risques que fait peser le concept de « Smart City » sur nos démocraties.
Derrière le concept de Smart City se trouve la tentative, via le traitement algorithmique des données, de faciliter la gestion de la ville et d’en abaisser les coûts. En effet, avec l’urbanisation croissante de la société et 70% des gaz à effet de serre liés au fonctionnement des villes, l’argument a du sens : on estime qu’en terme de transport, d’assainissement, de gestion de l’eau et de l’éclairage, la Smart City peut faire réaliser des économies de 20%. Elle porte en elle promesse d’une démocratie citoyenne (ce qu’on appelle les « civic techs », comme les sondages en ligne).
Or, l’auteur nous met en garde sur un affrontement civilisationnel qui commencerait par les villes et le fait que « quelques maîtres des algorithmes » puissent régner. Prenant l’exemple de Google qui s’est vu octroyer la responsabilité d’un premier projet urbain en Amérique du Nord en 2017, il expose clairement deux visions contradictoires : la ville à la demande (un citoyen consommateur) en face d’une conception plus européenne, plus politique de la cité.
Les géants du numérique sont toujours intéressés par l’idée de contrôler des « systèmes urbains » qui, entre logements, transports, logistique et services urbains, absorbent, dans les pays développés, un bon tiers des revenus des ménages et constituent donc un marché colossal. Ils sont également très intéressés de prendre le contrôle des démocraties, et plus généralement, de la politique.
Dans son livre, l’auteur expose les différences entre les deux visions, les limites de la ville façonnée par la technologie, même s’il reconnaît la demande citoyenne. Le propos est relativement clair, et le livre a le mérite de poser les bases des choix qui se présentent aux décideurs. Certains chapitres, comme celui traitant de l’importance des métiers dans une ville, sont très intéressants. Je lui reprocherais néanmoins un manque de cas concrets et un cadre qui a tendance à rester très général.
Je vous conseille donc
d’acheter ce livre chez votre libraire
X d’emprunter ce livre dans votre bibliothèque
ou de lire autre chose
Les villes face aux géants de la tech, de Jean Haëntjens. Rue de l’échiquier, collection Ecopoche, 2025, 160 pages.
cela me semble un regard indispensable pour comprendre la ville d’aujourd’hui mais je lis peu d’essai je préfère aujourd’hui écouter des podcasts sur des sujets civilisationnels
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Je te comprends et j’aime également écouter des podcasts sur ce genre de thèmes. Mais je dois dire que ce genre de collection thématiques est très appréciable.
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le sujet m’intéresse beaucoup mais ton bémol me freine un peu. A chercher donc à la médiathèque
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Oui, j’attendais peut-être un peu trop en lisant ce livre – d’où mon commentaire un peu mitigé.
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Dommage pour le manque d’exemples concrets, l’auteur soulève une question qui va se poser de plus en plus.
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Oui, c’est une question très juste – « smart city » a l’air très plaisant au premier abord, mais cela cache une conception de la société qui va à l’encontre de ce que l’on pourrait souhaiter pour la société.
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