
Cinquième livre de l’auteur suisse romand Roland Buti, paru en 2014, Le Milieu de l’horizon fut le lauréat du prix suisse de littérature en 2014 ainsi celui du public de la RTS, la Radio Télévision Suisse, avant d’être adapté au cinéma en 2019. Se déroulant dans une ferme frappée par la sécheresse de 1976, il met en scène une famille dont la vie bascule en l’espace de quelques semaines.
J’appartenais à cette maison fragile. J’appartenais à cette maison dans laquelle chacun se débattait dans son petit espace clos.
Les vacances scolaires arrivent enfin pour le jeune Auguste Sutter, 13 ans, surnommé Gus. Des vacances qu’il compte bien mettre à profit pour se détendre, lire des bandes dessinées, mais il lui faut compter avec le travail sur la ferme qui occupe un rôle central dans la famille, du moins du côté du père qui attribue à son métier un rôle civilisationnel clé et qui aime évoluer dans un cadre bien défini :
Un paysan devait être impeccable. Il insistait pour que la maison soit bien tenue, que tout soit toujours exactement rangé, les linges soigneusement pliés dans les tiroirs, la vaisselle empilée et alignée dans les armoires comme si le respect de certaines règles et l’ordre régnant à l’intérieur de notre foyer pouvaient maintenir en place un ordre plus général et, par là même, influencer la qualité des récoltes.
Il est aidé au quotidien par un cousin qu’il a recueilli, Rudy, un peu simple d’esprit et dur à l’ouvrage. La mère du narrateur, quant à elle, s’occupe de la maisonnée, même si l’on perçoit que ces tâches répétitives sont loin de la combler et, qu’avec l’âge, les liens qu’elle entretient avec Gus changent de nature ; quant à la soeur de 17 ans, ses préoccupations sont ailleurs.
Cet équilibre apparent de vie vole en éclat lorsque Cécile, une amie de la mère travaillant à la poste voisine, vient rendre visite à cette dernière. En l’espace de quelques semaines, la vie de la famille explose ; entre une mère absente dont il découvre le secret et un père prostré, Gus fait le deuil de son enfance durant cet été qui met non seulement à rude épreuve la famille, mais la nature environnante épuisée par la chaleur et le manque d’eau.
Roland Buti nous immisce avec talent dans ce milieu rural ; il décrit, par l’intermédiaire du narrateur, avec beaucoup d’acuité et de simplicité le basculement qui s’opère à plusieurs niveaux durant cet été caniculaire, non seulement en ce qui concerne la sphère privée, mais à travers l’agriculture mise à mal par les changements du climat et en train de transitionner vers un modèle industriel. Je n’ai d’ailleurs pas été surpris que l’auteur soit fils d’agriculteurs.
Je vous recommande, si vous ne l’avez pas encore fait, de découvrir Roland Buti en :
X achetant ce livre chez votre libraire
X l’empruntant dans votre bibliothèque
lisant autre chose
Le Milieu de l’horizon, de Roland Buti. Zoé, 2022, 237 pages.
je ne connais pas Roland Buti et ce billet me dit que j’ai bien tort.
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Je ne sais pas si tu as tort, mais prends le plutôt comme une invitation à le découvrir – c’est auteur suisse reconnu qui gagne à être connu en France. J’étais récemment dans une librairie à Amiens et son dernier livre était recouvert d’une mention « Gros coup de coeur »
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Je ne connaissais pas cet auteur suisse Patrice. Merci pour la découverte! Un livre sur le milieu rural possède parfois des secrets de famille. Je ne sais pas si c’est le cas avec celui-ci.
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Avec plaisir ! Et oui, il y a un secret ou plutôt un élément déclencheur. Je te recommande cet auteur ; pour moi, ce fut une belle découverte.
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Je tourne autour de cet auteur depuis un moment sans arriver à me décider. Ton billet pourrait arriver à point pour me faire sauter le pas.
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Il a une bibliographie qui s’allonge, je suis sûr que tu y trouveras ton bonheur. Son dernier titre a l’air très bien aussi.
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