
Ecrivain suisse né en 1943, Christian Haller fait partie des écrivains reconnus de son pays. La Musique engloutie représente le premier tome d’une trilogie consacrée à l’histoire familiale, qui emmène le lecteur dans le Bucarest et plus largement la Roumanie des années 20 et de l’après Ceaucescu.
La famille S. fixait sans comprendre l’avenir qui allait les engloutir.
Nous sommes en 1926. La famille S. quite définitivement la Roumanie pour la Suisse. La mère du narrateur a alors 17 ans. Cet exil sera synonyme de véritable déracinement pour elle qui ne s’en remettra jamais. A la fin de sa vie, alors que son état de santé se dégrade, que les premiers signes de la maladie d’Alzheimer se manifestent, son fils se décide de faire le voyage à Bucarest, sur les traces de la famille pour, comme lui demande sa mère, « savoir s’il reste encore quelque chose de la Roumanie en dehors de mes souvenirs ».
Mais il ne me restait plus beaucoup de temps pour la rejoindre dans son passé, pour dégager Ruth S. de la gangue des ans, pour entendre peut-être sa propre version des faits, apprendre pourquoi elle s’était éteinte de son vivant comme une espèce de l’ère primaire… elle qui était pourtant ma mère, une présence évidente et familière qui avait accompagné toute ma vie.
Le livre nous fait voyager entre plusieurs époques et alterne entre les souvenirs de la mère, l’évocation de la vie des grands-parents (le grand-père, d’origine allemande, s’était établi à Bucarest et y dirigea une usine de textile avant de s’exiler, poussé par les changements qu’il se refusait de comprendre), son propre séjour à Bucarest où il put lui-même voir à quel point les paysages décrits par la mère avaient été modifiés par le temps et la patte de Ceaucescu.
La Musique engloutie est un livre dense, à l’écriture très visuelle, faisant beaucoup d’allusion aux coloris, aux décors, aux descriptions (du cadre, des maisons, des jardins) mais également aux odeurs, comme celles du café, de la cigarette, et cela lui donne un rythme et une musicalité propre. Les changements de lieu et d’époque se font de façon assez rapides après quelques pages, c’est le seul bémol que je reproche au récit qui laisse un souvenir bien vivant après la lecture. S’appuyant sur une histoire familiale, il a une portée qui dépasse cette dernière, élargissant sa dimension au XXème siècle européen et aux changements qu’il apportait.
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La Musique engloutie, de Christian Haller, traduit de l’allemand (Suisse) par Jean Bertrand. Zoé, 2018, 272 pages.


Lu dans le cadre de Sous les pavés, les pages (Inganmic et Athalie), sur la ville de Bucarest & du mois thématique Les feuilles allemandes.
le genre de récit que j’aime : l’histoire familiale traversée par les tragédies de l’Histoire .
Pourquoi ce titre je pensais qu’il s’agissait aussi de musique ?
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Bonne question ! C’est ce que je pensais aussi avant de lire ce livre. Il s’agit en effet d’une musique intérieure chez la mère du narrateur.
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Que de titres inédits découvre-t-on par ici ! … ces éditions ZOE sont une valeur sûre… et j’ai récupéré ton lien, merci pour cette nouvelle participation.
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Merci pour ton commentaire, cela nous fait plaisir en effet de mettre en valeur des titres parfois moins connus. Les Editions Zoé continueront de nous accompagner au mois de novembre, c’est en effet une valeur sûre !
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Jolie trouvaille pour les « Pavés germanophones » 😀. J’ai l’impression que tu comptes lire la suite, n’est-ce pas ? En tous cas, ce premier volet est tentant par ce double regard sur la Roumanie, porté en plus par les sensations et pas uniquement des « faits ».
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Je pense en effet lire la suite, mais il faudra que je prenne les versions allemandes car elles n’ont malheureusement pas été traduites en français à ma connaissance.
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Je ne sais pas pourquoi je ne pense jamais à piocher des idées de lecture chez Zoe. Comme Luocine, j’aime beaucoup quand l’histoire intime recoupe l’histoire collective.
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Oui, ils ont un très beau catalogue et de nombreuses idées pour s’immiscer dans la littérature allémanique. Je suis d’accord avec toi, j’aime également beaucoup ce genre d’histoire personnelle avec un arrière plan historique
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J’ai beaucoup aimé cette lecture il y a quelques années. Les deux suivants n’étaient pas traduits en 2019, le sont-ils maintenant ? https://legoutdeslivres.canalblog.com/archives/2019/03/11/37151294.html
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Merci beaucoup pour le lien et pour le billet, avec lequel je souscris complètement.
Malheureusement, les deux autres tomes n’ont pas été traduits et ce titre reste le seul de l’auteur traduit en français à ce jour. Etonnant car il fait partie des plumes importants de Suisse alémanique.
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La saga familiale est décidément un genre récurrent dans les littératures de langue allemande, qui donne des œuvres souvent très réussies d’ailleurs. Je ne connaissais pas ce titre, ni son auteur. Je note. Je remarque en outre que tu as pris un peu d’avance avec ce titre suisse sur le rendez-vous du 15… 😉
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Merci pour ton commentaire. J’ai plusieurs livres de Suisse alémanique pour ce mois de Novembre. Je vais chroniquer un autre livre pour le 15, mais n’hésite pas à prendre ce titre également pour le bilan si le coeur t’en dit :-). Rendez-vous samedi !
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Quelque chose me dit que tu vas continuer cette trilogie.
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Ce devra être en allemand ! Pourquoi pas ? 🙂
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