Benedict Wells – Le dernier été

En début d’année, je vous ai parlé d’un certain Jules et de sa famille brisée par un accident tragique. Le livre, édité en français sous le titre La fin de la solitude, vient de sortir en poche et je vous encourage à y jeter un coup d’œil – cette histoire mélancolique et si touchante devrait bien se marier avec l’arrivée de l’automne et les premières tisanes ! Pour découvrir un peu plus son jeune auteur, Benedict Wells, la maison d’édition Slatkine & Cie a eu la bonne idée d’éditer son premier livre : Le dernier été. Sorti en Allemagne en 2008, le roman raconte l’histoire de l’enseignant Robert Beck qui fait un bilan de sa vie et appréhende ce qu’il va devenir par la suite.

Bon sang, tu es devenu gras, pensa-t-il. Pour lui il n’y avait qu’une explication : Dieu.

Dieu ne voulait tout simplement pas qu’il maigrisse.

L’autre raison était qu’il détestait bouger, qu’il se nourrissait mal, et que son corps n’était plus de la première jeunesse. On vieillit trop vite, c’est tout, pensa Beck. Une seconde d’inattention, et voilà qu’on n’est déjà plus un jeune chanteur à la tête d’un groupe, mais un prof de trente-sept ans dans un lycée de Munich. Pas exactement la carrière dont on avait rêvé.

On retrouve Robert Beck quand il a 37 ans. Avec le chiffre rond qui approche à grands pas, Beck doute de sa vie – les conquêtes féminines qui n’aboutissent à rien, le travail qui ne le satisfait plus. Dans sa jeunesse, il a rêvé d’être un musicien mondialement reconnu et désormais, il enseigne la musique et la langue allemande à des lycéens pas toujours très réceptifs. D’ailleurs, j’ai été assez impressionnée par l’insolence de certains et de la passivité de Beck à les encadrer. Néanmoins, dans les réflexions qu’il partage avec nous, il nous fait entrevoir ce qu’il pense réellement de ses élèves ou de ses collègues, en décortiquant par exemple les atouts du corps d’une belle élève (Anna, qui joue un rôle plus important dans le livre) ou en traitant quelques enseignants d’imbéciles.

Parmi ses élèves, l’un se fait remarquer rapidement. Rauli, d’origine lituanienne, est un garçon timide, mystérieux. Beck découvre en lui un immense talent musical (qu’il aurait bien aimé avoir lui-même autrefois) et essaie de se rapprocher de lui malgré les mystifications dans lesquelles Rauli s’embrouille. A un certain moment, le livre se transforme en un road-movie, quand Rauli, Beck et son meilleur ami Charlie entreprennent un voyage insensé vers Istanbul. Une partie assez loufoque marquée par la musique et les drogues, où j’ai légèrement douté de la direction prise par l’auteur.

Mais à la fin, la surprise ! Je vous l’explique en faisant une comparaison avec une autre lecture : l’année dernière, je vous ai parlé du roman La tresse dont j’ai apprécié la lecture sur le moment, mais qui a fini par me laisser un grand vide ou plutôt un sentiment d’agacement de m’être fait avoir par une histoire pleine de stéréotypes et clichés. Tandis qu’ici, l’auteur m’a véritablement surpris par la fin, par le sens qu’il a su redonner à ce qu’il a raconté et à toutes les situations qu’il a décrites. C’est à ce moment, vers la fin, que j’ai redécouvert Benedict Wells comme je l’ai gardé en mémoire : quand Beck, plus âgé, commente sa vie, sans pathos, sans sentimentalisme, sans grandes déclarations. Ça sonne juste (par ex. quand il parle de l’espoir) et l’auteur a le don de pas en faire trop…

Evidemment, si je devais choisir, je vous conseillerais plutôt La fin de la solitude qui (étant son 4ème livre) est plus abouti, mais si vous avez l’occasion de vous procurer Le dernier été, je ne vous découragerai pas !

Par conséquent, je vous conseille :

X d’acheter ce livre 

X de l’emprunter dans votre bibliothèque

lisez autre chose

Le dernier été, de Benedict Wells, traduit de l’allemand par Dominique Autrand. Slatkine & Cie, 2018, 403 p.

2 réflexions sur “Benedict Wells – Le dernier été

  1. Goran 4 octobre 2018 / 10:47

    La crise de la quarantaine comme c’est triste 🙂

    J’aime

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