
Dans son roman intitulé Le Bois de Klara, l’écrivaine allemande Jenny Erpenbeck nous raconte l’histoire d’un lieu situé à environ une heure au sud-est de Berlin, initialement un bois qui devint durant le XXème siècle un lieu de villégiature pour plusieurs familles. A travers les destins des personnages, le lecteur revit les vicissitudes de l’histoire allemande du siècle dernier.
Ecrivaine née en 1967, Jenny Erpenbeck a à son actif plusieurs romans salués par la critique et déjà traduits dans un grand nombre de langues. En 2015, « Gehen, ging, gegangen » mettait en scène un professeur émérite veuf qui retrouve du sens dans sa vie en aidant des réfugiés. Plus récemment, son tout dernier roman, Kairos, met en scène une rencontre sur fond de fin de la RDA et de chute du mur.
Dans le cas présent, le roman est ancré sur un lieu précis. Possédé initialement par le vieux Wurrach, le bois dit de Klara (du nom de sa plus jeune fille, un peu étrange) est vendu à trois personnes différentes. Un architecte de Berlin y fait construire une maison et aménager le jardin pour son épouse ; un voisin juif issu d’une famille de drapiers doit fuir devant les nazis, alors qu’une partie de sa famille périra ; ou encore une écrivaine rentre de son exil soviétique pour aider à construire la RDA. Chaque chapitre parle d’une personne ayant habité les lieux ; le seul point commun étant le jardinier qui reste employé par les différents propriétaires. Au total 12 personnes différentes.
Le point commun entre ses personnes ? Outre le fait d’habiter ce lieu, il est également celui d’avoir un destin rattrapé par la Grande Histoire qu’il s’agisse de la période nazie, de la guerre, de l’occupation soviétique, de la RDA… L’exil est également un dénominateur commun, à l’image de l’architecte qui finira par rejoindre Berlin-Ouest :
Si son chez-lui n’avait été ce « bout d’glaise », cette maison, ce lac, rien ne l’aurait retenu dans la zone d’occupation soviétique. Et à présent son chez-lui devenait un piège.
Je trouve l’idée de revisiter l’histoire d’un lieu à travers ses personnages sur fond historique vraiment intéressante ; si le style, fait de répétions et de phrases courtes (les points se substituent souvent aux virgules) nécessite un temps d’adaptation, il m’a manqué du lien entre les différentes parties. Le récit sur le jardinier est le seul qui donne de la continuité au texte, on ne devine que progressivement quels sont les liens entre les personnages et cela m’a désengagé de la lecture. J’avais l’impression d’avoir des histoires juxtaposées sans grande unité et surtout sans grande progression. Certes, il y a des moments émouvants (l’architecte qui ferme à clé sa propriété sachant qu’il ne reviendra plus, et surtout la jeune Doris, qui finira ses jours dans le ghetto de Varsovie), mais je suis passé quelque peu à côté de cette lecture…
Par conséquent, je vous conseille :
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Le bois de Klara, de Jenny Erpenbeck, traduit de l’allemand par Brigitte Hébert et Jean-Claude Colbus. Actes Sud, 2009, 191 pages.

Ce livre a été lu dans le cadre des Feuilles allemandes, consacrées à la littérature de langue allemande.
L’idée me semblait bonne mais ce que tu dis de ce livre ne me tente guère.
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Non, je crois que tu peux allégrement passer ton tour.
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Pas de coup de cœur depuis le Borrmann, alors ?!
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Si, si, un peu tardivement, mais il est venu 🙂
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je suis d’accord avec ton analyse, voilà ce que j’en disais il y a quelques années lorsque je l’ai lu
« J’ai aimé l’originalité de ce récit, la trame historique à travers un lieu, l’art de Jenny Erpenbeck pour mêler vie quotidienne et grande histoire.
La lecture est parfois freinée par des sauts dans le temps que l’on ne comprend pas toujours, la chronologie n’est pas respectée et cela exige un peu d’attention. L’écriture est belle et j’ai aimé les titres donnés aux chapitres qui désigne le personnage par son métier : l’architecte, le soldat, l’écrivain. L’épilogue est d’une froideur technique qui fait frissonner. »
http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2009/12/30/le-bois-de-klara-jenny-erpenbeck.html
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Merci pour le lien, je vois que tu en est ressortie un peu plus enthousiaste que moi quand même !
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Moi aussi je passe mon tour. Kairos me dirait bien par contre…
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Je me disais la même chose 🙂
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Encore une auteure à découvrir, avec un autre titre. Celui-ci ressemble plus à un recueil de nouvelles, on dirait.
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Cela pourrait donner l’impression que oui, mais c’est assez particulier à décrire finalement.
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j’ai été tentée au début, mais finalement après avoir lu le billet, je passe
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Il y a d’autres livres bien plus passionnants à lire !
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J’avoue que la littérature allemande, j’ai souvent du mal…
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Il reste néanmoins beaucoup de bons titres dans cette littérature, heureusement.
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Le thème est intéressant, mais je ne me vois pas l’acheter, car pas sûre d’accrocher au style… et ma bibli ne connaît pas !
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J’avais été très attiré par le thème, mais la déception s’est installée rapidement…
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