
Karel Čapek est un habitué de notre rendez-vous thématique autour de la littérature d’Europe Centrale et Orientale. Quand j’ai vu que les Editions du Sonneur sortaient une nouvelle édition de son livre La maladie blanche, le prétexte était tout trouvé pour découvrir une autre oeuvre de cet écrivain tchèque talentueux qui a su avec brio s’exercer à tous les genres.
La maladie blanche est un pièce de théâtre en 3 actes, écrite en 1937. Malgré son âge, cette pièce est frappante d’actualité car elle traite le thème d’une pandémie qui se développe à partir de Chine, le tout dans un pays où une dictature sévit et se prépare à déclarer la guerre à ses voisins (on reconnaît ici aisément l’Allemagne nazie mais l’actualité de ces dernières semaines pourrait tout aussi bien désigner une pays plus à l’Est). Un an avant l’envahissement de la Tchécoslovaquie par les troupes du Reich, Karel Capek était déjà conscient des périls qui menacaient notre continent.
Cette maladie provoque des taches blanches sur le corps avant de mener à la mort. Aucun traitement n’a été trouvé, hormis celui d’isoler les malades. Or un certain Dr Galén demande à rencontrer le Dr Sigelius, conseiller d’Etat et directeur de clinique, car il vient, il en est sûr, de trouver un remède à la maladie et voudrait continuer ses traitements dans la clinique. Mais il a une seule condition : que les pays s’engagent à ne plus faire la guerre s’ils veulent avoir accès au traitement…
LE JOURNALISTE : Et comment comptez-vous contraindre les chefs d’Etat du monde entier ?
GALÉN : C’est cela, le plus dur, n’est-ce pas ? Je sais qu’ils ne seront pas d’accord avec moi, mais si vous écrivez dans les journaux que… qu’aucun Etat ne recevra ce médicament tant qu’il ne sera pas engagé formellement à ne pas… à ne plus jamais déclarer la guerre, vous voyez ?
Le docteur Galén sera-t-il entendu ou pas ? Je vous le laisse découvrir. Ce qui est certain, c’est qu’en peu de pages, Karel Čapek décrit avec beaucoup d’acuité la nature humaine , le fonctionnement des régimes totalitaires et la capacité de manipulation des foules. Les gens qui gravitent autour du « Maréchal » (en fait le Führer) sont des asservis qui vont dans le même sens que lui ; personne n’ose le raisonner. La guerre s’impose comme une évidence et elle se fait au nom du peuple :
LE MARECHAL : Et moi j’ai réveillé chez mon peuple la volonté de vivre. Vous croyez que la paix est meilleure que la guerre. Moi je crois qu’une guerre victorieuse est meilleure que la paix. Et je ne peux pas priver mon pays de sa victoire.
Certes, il y a une tonalité pessimiste dans cette critique très réussie du totalitarisme, mais en refermant ce livre, le premier sentiment que j’ai eu, c’est de reconnaître le talent de l’auteur : grâce à sa maîtrise de l’ironie, à cette fausse légèreté, ce texte d’à peine plus de 130 pages est d’une grande force et je ne peux vous conseiller autre chose que :
X d’acheter ce livre chez votre libraire
de l’emprunter dans votre bibliothèque
de lire autre chose
La maladie blanche, de Karel Čapek, traduit du tchèque et préfacé par Alain van Crugten. Les éditions du Sonneur, 2022, 140 pages.

Ce livre a été lu dans le cadre du Mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran.
je lis peu de théâtre mais c’est déjà chez toi qua j’avais découvert l’année du jardinier que j’avais beaucoup aimé, en revanche je dois avouer que » les onze de Klapzuba » m’ont déçue, je n’ai pas retrouvé la finesse de l’humour de Capek
J’aimeAimé par 1 personne
Tu as lu « Les onze de Klapzuba » ? Félicitations ! Oui, je ne dis pas que c’est la même chose que Capek, mais j’ai beaucoup souri en lisant ce livre. En tout cas, je te conseille « La maladie blanche » (et pas pour l’humour mais pour la qualité de l’écriture)
J’aimeJ’aime
Une valeur sure, cet auteur… Je me dois d’en lire encore!
J’aimeAimé par 2 personnes
Oui, c’est l’assurance de passer un très bon moment de lecture !
J’aimeJ’aime
merci de faire part de tes découvertes; je ne connais pas du tout
J’aimeAimé par 1 personne
Avec plaisir ; tu peux y aller les yeux fermés avec ce titre.
J’aimeJ’aime
Tu es très convaincant ! Comme j’avais aimé « la guerre des salamandres » de cet écrivain ça me tente bien de lire cette pièce de théâtre ! Merci de cette présentation !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci, j’ai été surtout très convaincu par cette lecture ; j’espère que ça te plaira aussi !
J’aimeJ’aime
Je ne connais que la guerre des salamandres; évidemment, c’est le plus célèbre!
Mais que les dialogues cités dans ton billet sonnent juste actuellement !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, il y a justement beaucoup de choses que l’on peut extrapoler à la situation d’aujourd’hui. Je me suis régalé à chaque page.
J’aimeJ’aime
Oh, je ne connais pas ce titre de Karel Čapek (qui est pourtant un auteur que j’aime bien) et c’est dingue cette histoire !!! alors je note et j’espère que la librairie l’aura en rayon 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, il vient de sortir, donc il devrait être disponible facilement. Je recommande vivement !
J’aimeJ’aime
Je ne lis quasiment jamais de pièce de théâtre mais pour Karel Capek, je suis prête à faire une exception 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Ahah tout pareil qu’AllyLit
J’aimeAimé par 1 personne