
Les cloches d’Einstein met en scène Ferkó Mészáros, qui est le narrateur de l’histoire. Il a 39 ans quand s’ouvre le récit qui démarre au moment des Révolutions de 1989 mettant fin aux régimes communistes (ici en Tchécoslovaquie). Rapidement, l’actualité cède le pas à l’histoire personnelle ; il nous parle de sa jeunesse à l’école et d’une rencontre avec le camarade Président, avant d’évoquer son mariage avec Zsófi, fille d’un communiste en vue.
L’un des marqueurs de ce livre est l’humour, voici comment il nous décrit sa relation avec son épouse :
Le mariage est une affaire privée qui concerne deux personnes, un homme et une femme – voilà un fait notoire. Mais mon mariage avec Zsófi ne correspondait pas aux normes : sans que je sois devenu bigame, nous vivions à trois. Le parti nous accompagnait partout comme notre ombre, il s’insinuait même dans notre lit. Lorsque, une nuit, je rechignais corps et âme à répéter la position du missionnaire et que j’encourageais ma moitié à faire preuve d’un peu de fantaisie, Zsófi, indigné, a refusé catégoriquement. Son argumentation m’a étonné, c’est le moins que l’on puisse dire.
– Le parti ne l’approuverait pas. Le parti nous met en garde contre les perversions.
Pistonné par son beau-père, le narrateur se fait engager à l’IRA : Institut de Recherche de l’anabase de l’Académie des sciences slovaque et du Comité central du parti communiste slovaque (et oui, ça ne s’invente pas !). Maquillé sous forme d’un atelier de couture, avec des missions restant assez floues, et où personne ne se fait appeler par son propre nom, mais sous un pseudonyme choisi !
Cela peut sembler paradoxal : nous n’avions pas la moindre idée de la véritable finalité de l’Institut et, à cause de nos rapports hiérarchiques verticaux, aucun employé ne savait quel était le véritable travail de son supérieur immédiat (…).
Nous suivons ainsi la vie du narrateur dans cet univers souvent absurde, la révolution, les retournements de position des uns et des autres. Je dois avouer que j’ai été littéralement embarqué par le début du roman, l’écriture, l’humour… Un engouement qui a fléchi au fil du livre pour me laisser au final un sentiment assez mitigé ; je ne savais pas vraiment où voulait nous emmener l’auteur. Il en reste une vraie découverte, un style unique pour dénoncer le communisme, et déjà un sentiment désabusé sur l’apport de la Révolution :
_ Mais dorénavant nous vivons en démocratie !
(…) _ La démocratie aussi a beaucoup d’ennemis, a-t-il dit, imperturbable. Dans l’avenir, on aura besoin de micros pour la défendre
Je vous conseille au final :
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Lisez autre chose
Les cloches d’Einstein, de Lajos Grendel, traduit du hongrois par Véronique Charaire. La Baconnière, collection Ibolya Virág, 2018, 220 pages.

Ce livre a été lu dans le cadre du Mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran.
Je me dois d’engranger pour l’année prochaine (ou avant)..;
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Bonne idée et tu peux aussi Pavel Vilikovsky qui est un autre grand nom de la littérature slovaque.
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Je me souviens en effet de l’article de Passage à l’Est !
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Bonne mémoire car après vérification, il remonte à 2014 🙂
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Il est possible que me baladant d’articles en articlessur son site je l’ai lu bien plus récemment ahah
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Un humour assez désabusé !
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C’est vrai !
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noté ma liste d’envies pour2023 commence à devenir conséquente 🙂
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C’est si beau d’avoir de beaux projets de lecture, non ? 🙂
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au rythme auquel je vais il va me falloir plusieurs vies pour tout lire 🙂
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Merci pour la présentation. Et as-tu découvert quelles sont les cloches d’Einstein? Le titre m’intriguait…
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Merci pour le commentaire. Oui, mais je laisse les lecteurs le découvrir 🙂
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Bonne réponse! 🙂
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aurait on perdu Einstein en route ?
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Pour 2023, j’ai des munitions!
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J’ai déjà dû le dire mais j’aime beaucoup que tes articles se concluent par un « à acheter » ou « à emprunter ».
Effectivement, avec ce genre de livre qui ne garde pas la même consistance/le même attrait tout le long, c’est difficile de ne pas être mitigé. À voir donc !
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