
Le roman de l’auteure allemande Julia Schoch, Mit der Geschwindigkeit des Sommers (« À la vitesse de l’été »), m’a attirée par son sujet : voir à quel point la vie a changé après la chute du régime communiste et la réunification des deux Allemagnes. Pas à l’échelle nationale, mais pour des gens ordinaires, dans le cas présent pour une jeune femme. Un portrait touchant et une vision probablement étonnante pour de nombreux lecteurs à l’Ouest.
Au centre de l’histoire se trouve une femme dont la vie nous est détaillée par sa sœur cadette. Comme nous l’apprenons dès les premières lignes, la soeur aînée s’est suicidée dans le New York lointain et la narratrice tente de comprendre son acte en remontant dans leur enfance et adolescence. Il faut souligner qu’il s’agit alors de ses souvenirs, réflexions, analyses et suppositions.
La famille est installée à deux pas de la frontière polonaise. Ici, une petite ville est littéralement sortie de terre pour y abriter des milliers de soldats dans des casernes, puis des familles d’officiers dans des pré-fabriqués.
Les filles vivent alors une enfance typique pour les pays socialistes de l’époque. Je me suis reconnue dans de nombreux souvenirs dont certains m’ont fait sourire ; comme celui de l’hiver où les enfants aimaient faire de la luge sur un chemin bétonné – couvert alors de neige – mais destiné à l’origine aux chars blindés qui y faisaient les entraînements la nuit (j’ai immortalisé celle de mon enfance en arrière-plan sur la photo introduisant cette chronique). Ou alors cette habitude des enfants de ne pas utiliser la sonnette mais d’appeler avec persévérance leur maman jusqu’à ce que cette dernière se penche de la fenêtre du troisième étage et leur jette d’en haut tantôt un goûter, tantôt des gants.
Le parcours de la sœur est résumé dans un bref passage, car il n’y a tout simplement pas grand-chose à dire – après avoir fini son apprentissage pour devenir décoratrice de vitrines de magasins, elle tombe enceinte. Elle se marie l’année où l’Allemagne se réunifie et elle ne bougera plus de cette ville. Plus tard, sa famille s’agrandira et sa vie sera dictée par différents évènements tels que les anniversaires, les petites réunions entre amis, les matchs sportifs…
Elle entretient néanmoins une petite liaison – elle se retrouve de temps à autre avec un ancien soldat qui y faisait son service militaire à l’époque. C’est en fait son seul lien avec le passé qui disparaît à grands pas. Tout le monde semble vouloir s’en débarrasser. Ainsi, elle observe qu’on rase les bâtiments qu’ils habitaient à l’époque et qu’on rénove les églises ou châteaux forts vieux de plusieurs centaines d’années. Tout ce qui est lié à son enfance et sa jeunesse est soudainement considéré comme une erreur et devient en quelque sorte un musée en plein air. Les activités qui occupaient son quotidien deviennent des anecdotes dont on rit ou dont on se moque.
La narratrice était plus jeune et a donc réussi à passer le cap et à s’adapter aisément au changement de société en quittant tout simplement la région. La grande soeur se retrouvera néanmoins dans une sorte d’impasse…
J’ai bien apprécié ce livre qui démontre encore une fois la complexité de la chute d’un régime, qui n’est pas automatiquement considérée comme une libération mais qui est vécu de façon très différente selon la période de vie dans laquelle on se situe. Un livre intéressant que je vous conseille :
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Mit der Geschwindigkeit des Sommers, de Julia Schoch. Piper, 2009, 150 pages
Sur Internet, j’ai trouvé quelques mentions sur une version française qui aurait été publiée chez les éditions Autrement en 2013 sous le titre « A la vitesse de l’été ». Néanmoins, elle ne figure pas dans leur catalogue, je ne suis donc pas certaine si ce projet éditorial a abouti…

Ce livre a été lu dans le cadre des Feuilles allemandes.
J’aime bien le reflet de la complexité des choses évoqué, semble-t-il, dans ce récit. Peut-être pas très « vendeur » mais certainement intéressant au plan littéraire et humain ! Est-il traduit ?
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Oui, il est très intéressant !
Je ne suis pas certaine pour la traduction malheureusement…
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Dommage su il n’existe pas en français ! Est-ce difficile à lire en allemand. Est-ce qu il existe en numérique ?
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Oui, c’est dommage ! Il est affiché sur certains sites Internet, mais je ne le trouve pas dans le catalogue des éditions Autrement.
Il est disponible en allemand en numérique.
Il y a des passages parfois assez abstraits, les réflexions…
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Je ne connaissais pas, évidemment, et le sujet m’intéresse, évidemment, et la bibliothèque l’a, évidemment. (soupir)
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C’est dans ce genre de circonstances que je regrette de ne pas maîtriser l’allemand… merci pour le partage!
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Je crois que j’aimerais beaucoup en apprendre davantage sur cette période. Merci et je note le titre.
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