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Le Docteur Pascal constitue le 20ème tome des Rougon Macquart, oeuvre majeure d’Emile Zola débutée en 1871 et achevée en 1893. Alors que le tome précédent, La débâcle, mettait pour ainsi dire un point d’arrêt à l’histoire du Second Empire à travers la défaite de Sedan, ce dernier opus est une sorte de testament de l’écrivain, qui à travers le personnage de Pascal, se livre en tant qu’écrivain mais aussi en tant qu’homme.
Nous avions découvert les Rougon-Macquart à travers La fortune des Rougon, qui nous présentait le haut de l’arbre généalogique de la famille : la « Tante Dide », qui d’une première union, eut un fils, Pierre Rougon – et deux enfants issus de sa liaison avec Macquart. Ce sont justement des personnages que l’on retrouve dans ce dernier tome. Le docteur Pascal est quant à lui le fils de Félicité Rougon et le frère d’Aristide et Eugène. Contrairement à ces derniers, point d’ambition du pouvoir chez le docteur Pascal, qui se voue corps et âme à la médecine, entourée par sa jeune nièce Clotilde et leur servante Martine.
Je le signalais dans l’introduction : on perçoit dans ce livre à quel point le personnage de Zola est présent dans celui du docteur Pascal. Ce dernier, en plus de son activité, a consacré une part importante de son temps à établir l’arbre généalogique des Rougon-Macquart, il croit fortement dans le poids de l’hérédité comme facteur d’explication des comportements humains, il est marqué par la science du XIXème siècle.
Oui, notre famille pourrait, aujourd’hui, suffire d’exemple à la science, dont l’espoir est de fixer un jour, mathématiquement, les lois des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une race, à la suite d’une première lésion organique, et qui déterminent, selon les milieux, chez chacun des individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations humaines, naturelles et instinctives, dont les produits prennent les noms de vertus et de vices. Et elle est aussi un document d’histoire, elle raconte le Second Empire, du coup d’Etat à Sedan, car les nôtres sont partis du peuple, se sont répandus parmi toute la société contemporaine, ont envahi toutes les situations, emportés par le débordement des appétits, par cette impulsion essentiellement moderne, ce coup de fouet qui jette aux jouissances les basses classes, en marche à travers le corps social… Les origines, je te les ai dites : elles sont parties de Plassans ; et nous voici à Plassans encore, au point d’arrivée.
Le Zola écrivain est perceptible, mais aussi tout simplement l’homme. Né en 1840, Emile Zola rencontre en 1888 Jeanne Rozerot, qui vient d’être engagée par le couple. Une liaison s’en suit, qui donne à Zola deux enfants nés en 1889 et 1891. Le docteur Pascal, de son côté, tombe amoureux de sa nièce Clotilde et il est difficile de ne pas deviner derrière lui l’enthousiasme, le nouveau départ vécu par l’auteur lui-même :
Alors, ce fut la possession heureuse, l’idylle heureuse. Clotilde était le renouveau qui arrivait à Pascal sur le tard, au déclin de l’âge. Elle lui apportait du soleil et des fleurs, plein sa robe d’amante ; et, cette jeunesse, elle la lui donnait après les trente années de son dur travail, lorsqu’il était las déjà, et pâlissant, d’être descendu dans l’épouvante des plaies humaines. Il renaissait sous ses grands yeux clairs, au souffle pur de son haleine. C’était encore la fois en la vie, en la santé, en la force, à l’éternel recommencement.
Cet optimisme, cette foie dans la vie tranchent d’ailleurs avec mes dernières lectures des Rougon-Macquart, que furent La Terre, Le Ventre de Paris, ou encore La Débâcle (même si celui-ci finissait sur une note d’espoir). La fraîcheur de Clotilde, la bonté de Pascal, la force de leur amour donnent à ce livre une tonalité plus heureuse, sans se départir pour autant des thèmes qui irriguèrent la série, comme la famille, l’hérédité.
Je ne mettrais pas Le Docteur Pascal dans mes titres favoris de Zola, notamment en raison de la lente mise en place de l’intrigue, mais il n’en est pas moins un joli point final à une oeuvre majeure.
Je vous conseille :
d’acheter le livre chez votre librairie
X d’emprunter ce livre dans votre bibliothèque
de lire autre chose
Le Docteur Pascal, d’Emile Zola. Pocket, 1999, 468 pages.
Lecture commune avec Miriam que je félicite pour avoir fini de lire la série des Rougon-Macquart !
j’ai vraiment du mal à relire Zola. Je le trouve lourd et trop didactique.
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Je peux comprendre ton avis, même si, à titre personnel, je le relis avec joie. J’ai eu un peu ce sentiment dans Le Ventre de Paris que j’avais davantage apprécié lors de la première lecture.
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J’ai beaucoup lu Zola quand j’étais ado et je garde une affection particulière pour lui car il m’a ouvert les portes du royaume merveilleux de la littérature.
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C’est amusant car c’est la même chose pour moi ; il y eut Le Rouge et le Noir de Stendhal, puis j’ai vraiment beaucoup aimé Les Rougon Macquart qui ont constitué ma véritable entrée dans le monde de la littérature. Merci pour ton message !
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Même ressenti. Ce n’est pas le meilleur Zola mais c’est une bonne conclusion au cycle des Rougon Macquart. En effet, Zola a mis beaucoup de lui-même dans ce livre!
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Heureux de t’avoir accompagnée dans cette ultime lecture :-). Cela faisait longtemps que ce tome traînait dans mes étagères et je suis très heureux de l’avoir enfin lu !
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Comme j’ai lu les RM il y a longtemps, forcément celui ci. Mais pas envie e recommencer la série.
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Les goûts évoluent avec le temps. J’ai prévu d’en relire certains cette année, je voudrais voir si le plaisir que j’ai éprouvé durant l’adolescence a persisté.
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Bravo à vous pour cette lecture au long court avec du bon et du moins bon.
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Merci pour ton commentaire. C’est surtout Miriam qu’il faut féliciter, elle a « avalé » les 20 tomes en un temps record 🙂
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Ce parallèle entre la vie personnelle de Zola et celle du Dr Pascal est très éclairant. La débâcle et L’oeuvre sont les tomes qui me tentent le plus ces temps-ci, reste à voir quand je réussirai à les lire…
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Oui, j’avais écouté une émission à ce propos et c’était très intéressant d’en apprendre plus sur le lien entre les deux oeuvres (si je me souviens bien, c’était « Au coeur de l’histoire » sur Europe 1)
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voici le lien vers mon billet
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ton avis est assez proche de celui de Myriam, il faut que je me décide à le lire
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Pas si fréquent de chroniquer un livre que tu n’as pas encore lu 🙂
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En plus de ne pas spécialement adhérer à l’histoire, la relation amoureuse m’a franchement gênée (quelle idée de faire un hommage à sa maîtresse par le biais d’une relation incestueuse, j’aurais eu du mal à me sentir flattée personnellement…). Mais comme tu le dis, c’est une conclusion correcte. Je lis L’Oeuvre en ce moment, beaucoup mieux.
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