
C’est avec une réelle émotion que nous reprenons aujourd’hui le fil de notre blog pour rendre hommage à Goran avec cette lecture commune que Goran avait proposée au début de l’année et qui nous tenait donc particulièrement à coeur. Roman de l’écrivaine japonaise Yôko Ogawa, Le petit joueur d’échecs est un livre surprenant, empreint d’une grande sensibilité.
Le personnage central du roman est un jeune garçon qui est né avec les lèvres soudées. L’opération destinée à les séparer a conduit à une greffe de peau de sa jambe sur ses lèvres, le condamnant à avoir une bouche couverte en permanence d’un duvet. Physiquement différent, le garçon l’est également dans son comportement. Solitaire, il n’a en fait que deux seuls amis : Indira, une éléphante qui a dû passer son existence sur le toit d’un magasin, car elle était déjà trop grosse au moment de redescendre… et Miira, une petite fille qui serait restée coincée entre les murs de deux maisons. Notons qu’aussi bien Indira que Miira ne sont plus de ce monde.
Par un pur hasard, le jeune garçon alors âgé de 7 ans est amené à rencontrer « le maître », un homme obèse qui partage son temps entre les pâtisseries et les échecs et qui vit dans un bus. C’est lui qui initie son élève aux échecs pendant plusieurs années. Pour mieux appréhender le jeu, le garçon se réfugie sous la table. Quand le maître décède, il prend alors place dans le ventre d’un automate surnommé « Little Alekhine », et devient l’attraction d’un club d’échecs. Il décide également de ne pas grandir, gardant à l’image le destin du maître, d’Indira et Miira, dont le destin malheureux est lié à leur taille.
« Grandir est un drame »
La phrase qui s’était gravée en son coeur au moment où le maître avait disparu suppurait à chaque battement.
Ce livre est surprenant, laissant la part belle à l’imaginaire. C’est également un livre de paradoxes : en restant caché dans l’automate ou sous la table, le jeune garçon arrive à percevoir la personnalité de ses adversaires sans même les voir. Peu enclin à parler, le jeune garçon trouve dans le jeu des échecs une façon de communiquer très particulière. Si mon caractère assez cartésien semblait ne pas me destiner à aimer ce livre, j’ai été pourtant charmé par l’écriture poétique de Yôko Ogawa, par sa faculté à nous faire aimer le jeune garçon, mais aussi par l’universalité des thèmes que traite le livre : la mort, la vieillesse, la transmission, le handicap, la différence. Il nous invite à retrouver le silence, notre juste place dans le monde, et à (re)découvrir le jeu des échecs.
Merci à toi, Goran, qui nous a aiguillés vers ce livre, « tout doux, pas tordu », comme tu le signalais. Au-delà du plaisir de la lecture, il nous a permis d’être avec toi par la pensée et, rien que pour cela, cette lecture fut un plaisir.
En conclusion, un très beau roman que je vous conseille donc :
X d’acheter chez votre libraire
X d’emprunter dans votre bibliothèque
lire autre chose
Le petit joueur d’échecs, de Yôko Ogawa, traduit du japonais par Rose Marie Makino-Fayolle. Actes Sud, Babel, 2015, 333 pages.
Cette lecture commune en hommage à Goran a été largement suivie ; nous vous invitons à lire les avis de Luocine, Ingannmic, Mon biblioblog, La bouche à oreilles, Bibliofeel, Livrescapades, Madame lit, La jument verte, Passion Culture, Sur la route de Jostein, ainsi que le Clin d’oeil à Goran de Passage à l’Est!
La pensée de Goran m’a aidée à lire ce roman, sans lui je ne serai pas aller vers ce livre trop bizarre pour moi. Merci à vous, Eva et toi d’avoir organisé cette façon de lui redire que nous tenions à lui.
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Je peux comprendre ton commentaire, je vais m’empresser d’aller lire ton billet. Et merci d’avoir participé, cela fait chaud au coeur de voir que tous ses amis de la blogosphère pensent à lui.
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Je crains toujours de rester sur le seuil avec ce type de roman, pourtant la prose poétique ne m’effraie pas, mais tout ce que je lis sur l’univers de cette auteure me tient à distance. C’est un bel hommage cette lecture » douce » .
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C’était ma crainte également, mais le plaisir a pris le dessus. Merci pour ton commentaire.
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Merci pour votre initiative, qui a donné à cette lecture -que je n’aurais sinon probablement jamais faite- une saveur particulière.
Nos billets se ressemblent énormément, nous y avons même repris une citation identique !
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Merci à toi de t’être joint à nous pour cet hommage. La même citation, c’est un vrai hasard :-). Je vais aller lire ton billet et fureter sur ton blog après cette longue pose !
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Merci d’avoir organisé cette lecture commune en mémoire de Goran mais c’est hélas un roman qui ne m’a pas convaincue.
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Surtout merci à toi de nous avoir rejoints. Dommage qu’il ne t’ait pas plu davantage mais il est vrai que c’est assez particulier.
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Bonjour Patrice et Eva ! Merci d’avoir organisé cette lecture commune en hommage à Goran. J’ai bien aimé ce roman et son atmosphère étrange. Ma chronique rejoint la vôtre sur l’essentiel. Goran avait raison de trouver ce livre « doux et pas tordu ».
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Merci d’y avoir participé ! Goran nous a vraiment soufflé une idée originale de lecture.
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C’est vrai, l’univers de Yôko Ogawa est très insolite, presque onirique. Goran était un grand connaisseur de la littérature japonaise…
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Merci d’avoir organisé cet hommage à Goran dont les chroniques me manquent… Je suis ravi d’avoir participé à cette lecture commune avec un livre aussi riche en émotions. C’est la première fois que je m’intéresse à ce type d’initiative. Une expérience particulière dans ce contexte, démontrant les liens forts pouvant se tisser au fil du temps sur nos blogs littéraires.
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Un grand merci à toi d’avoir participé à cette lecture commune. Je vois que celle-ci a eu beaucoup de succès, cela montre bien, comme tu le soulignes, les liens entre les blogueurs et l’attachement que nous avions tous envers Goran.
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Je suis heureuse de te relire, Patrice. Ma lecture a été très mitigée mais il me tenait à coeur de la terminer car ainsi j’ai pu avoir un petit aperçu de ce qui plaisait tant à Goran dans cette littérature. Merci à Eva et à toi pour cette belle initiative en ce jour anniversaire de son blog.
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Merci, Fabienne. Je vois bien que ce livre n’a pas plu à tout le monde, mais le souvenir de Goran a accompagné chaque lecteur, ce qui fait chaud au coeur. A bientôt !
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J’ai beaucoup pensé à cette publication commune… malheureusement, je suis en ce moment tellement submergée par trop d’occupations que je n’ai pu choisir et lire un autre titre de Yoko Ogawa. Ce petit joueur d’échec, je l’ai lu, il y a quelques années et l’ai beaucoup aimé comme la plupart des titres de cette auteure.
Je n’ai pas pu rendre hommage sur mon blog à Goran mais je l’ai fait en pensée !
Merci pour cette initiative.
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Je comprends et je te remercie de t’être jointe à nous de cette façon. C’est un vrai plaisir de lire tous ces messages qui montrent, si besoin, à quel point nous étions attachés à Goran.
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il est toujours dans ma PAL hélas, et j’ai eu tellement de soucis de santé doublés d’une liste de rentrée littéraire énorme que je suis totalement dépassée.
Mais la concentration revient tout doucement alors….
L’embouteillage n’est pas seulement dans ma PAL pour une fois, il est aussi dans les chroniques…
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J’espère que les soucis de santé sont maintenant derrière toi et je te souhaite de bonnes lectures et un prompt rétablissement.
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Bonjour Patrice et Eva, voici le lien de mon billet : https://madamelit.ca/2021/09/15/madame-lit-le-petit-joueur-dechecs-de-yoko-ogawa/
J’ai bien aimé cet univers poétique et ludique. Goran avait toujours le flair pour nous dénicher des perles de lecture. Au plaisir et merci!
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Merci à toi pour cette contribution. Je me faisais la même réflexion sur Goran :-). A très bientôt. Patrice
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Je profite de votre belle initiative pour découvrir les avis (visiblement très partagés) sur ce roman. A leur lecture, je me dis que j’aimerais le lire un jour car il semble vraiment très intrigant. Comme d’autres, je me demande ce qu’en aurait pensé Goran, en version billet complet. Je suis aussi très intriguée par l’existence de deux couvertures, une alignée à droite et qui cite Rose Marie Makino-Fayolle comme traductrice, et une autre (sur le site d’Actes Sud), alignée à gauche et qui cite Martin Vergne comme traducteur. Merci encore d’avoir organisé cette lecture commune en mémoire de Goran.
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Merci à toi pour ce commentaire. Je vois que ton sens de l’observation ne faiblit pas 🙂
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Le petit joueur m’avait énormément attristée lors de ma lecture (j’avais mis cela sur le compte de décembre et de ses jours si courts)
Ma lecture cette fois (Instantanés d’ambre) m’a également attristée (même si l’écriture est douce)
Peut être les circonstances de lecture en pensant à Goran et aussi à ces trois enfants si esseulés (et en deuil de leur petite soeur….
Je vous embrasse
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Merci Valentyne, d’avoir choisi une autre oeuvre de Yôko Ogawa, et ainsi d’avoir eu cette pensée pour Goran. Je vais aller lire ton billet tout de suite !
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Merci pour cette lecture commune. Je pense que je lirai quand même ce titre, vos billets m’intriguent et je me sens bête de n’avoir pas su participer correctement à la lecture commune (j’ai quand même vérifié au moins deux fois le titre, mais quand ça ne veut pas…).
J’espère que ce petit événement vous aura fait un peu de bien.
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Merci à toi. Je suis heureux que l’on ait pu proposer une lecture commune au moment de l’anniversaire du blog, c’était une belle façon de rendre hommage à Goran. Comme tu le vois, les avis sont partagés, mais c’est un livre qui mérite d’être découvert.
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Comme d’habitude, je suis en retard. Même si j’ai très peu connu Goran, ayant participé l’une ou l’autre fois au mois de l’Europe de l’Est, j’ai voulu participer à cette lecture commune. Une très belle découverte pour moi, mais je comprends facilement que quelqu’un qui ne connaît rien au noble jeu n’accroche pas facilement : http://passionculture.be/2021/09/17/le-petit-joueur-dechecs-yoko-ogawa/
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Peu importe ce léger retard, un grand merci pour la participation à cet hommage.
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Voilà un bel hommage à Goran. Je ne l’ai que très peu connu mais j’aimais lire ses chroniques et ses commentaires. Je lirai ce texte en décalé par rapport à vous, mais en pensant à lui aussi.
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Et merci à toi pour ce commentaire. Je suis si heureux de voir autant de manifestations de sympathie à l’adresse de Goran.
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Bonsoir Patrice, j’ai participé à cette lecture commune et je ne l’ai pas regretté même si j’avoue que l’histoire m’a laissé un peu perplexe. J’ai eu du mal avec le temps et l’espace. C’est une histoire très triste hors du temps. Le petit joueur d’échecs qui n’a même pas de nom est touchant mais quel triste destin. Bonne soirée.
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J’avais prévu de le lire mais lorsque je l’ai réservé à la bibliothèque, il était emprunté puis il et arrivé trop tard pour la lecture commune et depuis début octobre, il est dans un des 120 et quelques cartons de livres que les déménageurs ont empilés dans mon nouvel appartement… Je le lirai, c’est sûr, mais je ne sais pas quand…
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