
Le turbulent destin de Jacob Obertin est un roman du dépaysement. Ecrit par un écrivain suisse allemand d’origine roumaine, Catalin Dorian Florescu, né à Timisoara dans le Banat (région dans laquelle se déroule une grande partie de l’histoire du livre), il reçut le prix suisse du livre en 2012. Après l’avoir lu, je comprends tout à fait le choix du jury pour ce roman !
Jakob, le père de Jacob avec un « c », est le premier personnage central à faire son entrée dans le récit. Venu de nulle part, il a lu un article de presse sur une certaine Elsa Obertin, revenue d’un voyage d’Amérique et qui se plaignait de ne pas trouver de mari. L’homme, une force de la nature, entreprend le voyage, se précipite chez la belle, et l’épouse car celle-ci, en plus d’être une jolie femme, possède une ferme. A l’image de ce Jakob arrivé dans la vie d’Elsa comme un coup de vent, le lecteur est emporté par le souffle du récit !
Si l’essentiel du roman se passe en Roumanie des années 1920 à l’après-guerre, couvrant l’arrivée des communistes aux pouvoir, il nous emmène également à deux reprises en Lorraine, notamment au XVIIème siècle, quand le duché est en proie aux dévastations de la guerre de 30 ans. Cela nous permet de suivre le destin des premiers Obertin, leur décision d’émigrer alors vers cette région de Roumanie. Je ne connaissais pas ces vagues de migration qui poussaient les habitants de l’Ouest du Saint Empire à émigrer via Ulm en Souabe vers la Roumanie, c’est un des aspects qui m’a beaucoup intéressé :
Cela faisait déjà plusieurs années que, sous la protection de l’impératrice et de la Chambre des comptes de Vienne, des gens se mettaient en route pour l’est de l’Empire. Ils allaient dans une région dont Frédéric n’avait jamais entendu parler et où le Saint Empire avait énormément de terres mais trop peu de gens. Les nouveaux arrivants étaient donc exemptés d’impôts pendant trois ans. (…) Tout le monde était le bienvenu : artisans, anciens soldats, paysans. La seule condition était d’être catholique.
Les combats pour la survie, qu’ils soient durant la guerre de 30 ans ou durant le voyage et l’installation en Roumanie, sont empreints d’un grand réalisme et ne nous font surtout pas devenir nostalgiques de ces époques ! Ni d’ailleurs de la Roumanie du XXème siècle, dans laquelle évolue le jeune Jacob, personnage attachant auquel son père porte peu d’affection :
Mon père avait peu à peu renoncé à me considérer comme son successeur. A quatre ans, j’avais déjà raté la première épreuve.
Comme une roue qui tourne, le sort semble s’acharner sur les Obertin. La guerre et l’arrivée des communistes provoqueront de nouveau l’exil mais leur volonté ne s’éteint jamais…
Quelle lecture dépaysante, portée par la prose de l’auteur. Il y a de la souffrance, de la violence également dans ce livre qui n’est pas tendre avec la nature humaine, mais il y a bien plus que cela. C’est un véritable roman d’aventure, qui s’autorise aussi des voyages vers l’imaginaire (on assiste à un passage où se cotoient plusieurs versions sur la naissance de Jacob) et met en scène certains personnages vraiment attachants comme le grand-père de Jacob.
Même si je trouve que le roman s’essouffle un peu vers la fin, je vous en conseille vivement la lecture en :
X l’achetant chez votre libraire
X l’empruntant ce livre dans votre bibliothèque
lisant autre chose
Le turbulent destin de Jacob Obertin, traduit de l’allemand (Suisse) par Barbara Fontaine. Seuil, 384 pages, 2013.

Ce livre a été lu dans le cadre des Feuilles allemandes.
je le note, cela me dit bien surtout que je sors du film RMN qui se passe dans la région
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Je ne connaissais pas ce film, est-ce que tu le conseillerais ?
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Pour le film définitivement OUI! je l ai chroniqué sur mon autre blog Toiles Nomades. Mais attention la distribution est confidentielle
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hop! dans la liseuse! je viens de faire le plein avec le Joueur d’Echecs, les Abeilles d’hiver pour Wiechert il faudra aller à la médiathèque.
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Tu viens surtout de faire le plein de futures heures de lecture des plus agréables !
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https://carnetsdemiriampanigel.blogspot.com/2022/11/rmn-cristian-mungiu-roumanie-2022.html
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Je découvre, je note, je souligne… heureusement qu’il y aura encore plus d’une édition des Feuilles allemandes 😉
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Voilà une belle suite d’actions :-). Oui, plus on lit de la littérature de langue allemande, plus on se dit qu’il y en a à lire !
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Je suis quasiment sûre que je l’ai vu sur les étagères de ma bibliothèque préférée. Aurai-je le temps de l’en sortir?
La présence allemande dans le Banat et dans tous ses alentours était très importante et est particulièrement visible en Transylvanie, dans l’architecture tant urbaine que rurale. Et, bien sûr, dans la littérature également. Tu pourrais par exemple enchaîner avec La réparation du monde, de Slobodan Šnajder (que je n’ai pas encore lu, et qui a le défaut (du point de vue des lettres allemandes) d’être écrit en croate).
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Ta bibliothèque préférée est bien fournie, dis-moi ! Oui, j’étais conscient de cette présence allemande mais je ne savais pas que des lorrains étaient également inclus dans ces populations.
Je m’étais noté le roman de Slobodan Šnajder, c’est une excellente suggestion. Ne voudrais-tu pas te joindre à moi pour une lecture commune dans ce cas, à l’occasion de notre Mois de l’Europe de l’Est en mars ou plus tard selon ta convenance ?
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Très bien fournie, en effet, surtout pour ce qui est de la littérature en allemand!
Pour Šnajder, c’est très volontiers! Je passe par l’email pour caler ça.
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Très intéressant. Merci pour cette idée de lecture
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Merci à toi pour le commentaire.
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je déteste le mois de novembre et je crois bien que c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de participer au mois de littérature allemande : pour trouver une raison d’ouvrir mon ordinateur et trouver des idées de lecture . Comment des gens ont-ils pu s’exiler en Roumanie : j’ai compris que c’était pendant la guerre de trente ans , mais quand même , pour moi l’envie de fuir c’est toujours vers l’ouest .
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Ca me fait plaisir que ton mois de novembre soit finalement égayé par les Feuilles Allemandes ; il est vrai que c’est loin d’être mon mois préféré également.
Sur l’exil, c’était sur un appel de Marie-Thérèse dans un contexte qui était très troublé sur ces régions européennes. La quête d’un avenir meilleur n’a pas de frontière 🙂
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Encore une belle découverte! J’❤️!
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N’est-ce pas ? 🙂
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Intéressant, mais absent de notre bibliothèque. Ils n’ont que Le masseur aveugle. Quelqu’un connaît ?
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En tout cas, pas moins, mais je te le laisse découvrir dans ce cas !
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Je rejoins tout à fait Marilyne. Je note, je note, et puis un jour je… Il a l’air très b bien ce roman !
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N’hésite pas, en tout cas, c’est validé 🙂
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Le billet est sur mon blog. Je mets le lien ici?
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Merci Miriam !
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